Des millions d’Algériens manifestent et exigent le départ du général Gaïd-Salah
Par Houari A. – Ils sont des millions à battre le pavé à travers les quarante-huit wilayas, ce vendredi 5 Juillet, date anniversaire de la double fête de l’Indépendance et de la Jeunesse. Le nom du moudjahid Lakhdar Bouregaâ est scandé à travers tout le pays, les manifestants appelant à sa libération immédiate et considérant son emprisonnement comme une insulte à la Guerre de libération nationale.
L’incarcération d’un des chefs de la Wilaya IV historique est la goutte qui a fait déborder le vase. Elle est venue quelques jours après l’interpellation de plusieurs manifestants et leur mise sous mandat de dépôt pour avoir manifesté avec le drapeau amazigh. Des arrestations qui ont fait suite à des menaces proférées par le chef d’état-major de l’armée quelques jours auparavant.
Ce vendredi, les millions de manifestants ont été unanimes à considérer que la révolution pacifique lancée le 22 février dernier est en train d’être détournée et contrecarrée par les vestiges du système Bouteflika qui ont concouru à son maintien depuis 1999 jusqu’à sa démission. Mais les Algériens ne l’entendent pas de cette oreille et n’abdiquent pas face aux discours virulents du patron de l’armée. La réponse d’aujourd’hui aux harangues répétitives de Gaïd-Salah, perçu désormais comme un «facteur de blocage qui empêche toute solution sérieuse», pourrait apporter d’importants changements dans les jours à venir, la situation étant revenue à la case de départ à cause des atermoiements de celui qui détient le pouvoir absolu depuis la chute de Bouteflika.
«La crise s’enlise et les décideurs du moment semblent chercher à gagner du temps pour on ne sait quel but inavoué», commente un manifestant, universitaire, qui ne cache pas son souhait de voir «partir les derniers symboles civils et militaires du régime Bouteflika dans les plus brefs délais pour permettre à des personnalités consensuelles de diriger une courte période de transition avant de rétablir le processus électoral sans les figures de la fraude et de la prévarication».
Un autre manifestant se dit convaincu que «le peuple aura le dernier mot» et que «le changement exigé par des millions de citoyens depuis plus de quatre mois est plus que jamais proche». «Que reste-t-il à l’octogénaire Gaïd-Salah à part démissionner et laisser sa place à un officier jeune qui éloignera notre glorieuse armée définitivement de la politique et la concentrera sur sa mission constitutionnelle de défense nationale et sa professionnalisation ?», fait observer un citoyen qui appelle de ses vœux l’avènement d’une deuxième République «expurgée des reliquats et des tares de l’ère Bouteflika».
Le divorce entre le peuple et le chef d’état-major de l’ANP est définitif.
H. A.
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