Les supporters bravent la menace et chantent «yetnahaw gaâ» au Caire
Par Houari A. – Bravant la menace, les supporters algériens qui se sont déplacés en nombre au Caire ont scandé à l’unisson «yetnahaw gaâ !» (ils dégageront tous !) qui a valu à des ressortissants algériens d’être expulsés d’Egypte et d’être lourdement sanctionnés en Algérie.
En rééditant le coup d’Oum Dormane, les décideurs du moment ont cru pouvoir détourner l’attention des manifestants qui réclament le changement de système en occupant la rue tous les mardis et les vendredis depuis le 22 février dernier. Mais la démarche a eu l’effet contraire, puisque les supporters seront encore plus nombreux à exprimer leur rejet du régime répressif actuel et à crier au pied des pyramides leur résolution à aller jusqu’au bout de leurs revendications.
Les tenants du pouvoir actuels en Algérie ont mis leurs homologues égyptiens dans l’embarras. Comment la police d’Abdelfattah Sissi va-t-elle réagir face à des slogans qui seront chantés et brandis non plus par trois citoyens algériens mais par des centaines envoyés en Egypte via des vols spéciaux et à bord d’avions appartenant à l’armée ? Allons-nous vivre une nouvelle crise diplomatique entre Alger et Le Caire ?
Le régime militaire de Sissi, à l’instar de la monarchie voisine du Maroc, craignent que le mouvement de contestation qui prend de l’ampleur et ne fléchit pas, contrairement à ce que souhaitait le pouvoir qui misait sur une guerre d’usure, les atteignent et ravive la flamme de la révolution qui avait fini par être détournée et contrecarrée pour placer les militaires au pouvoir, dans le cas égyptien, et sauver le trône de Mohammed VI avec la complicité de puissances occidentales et des pétromonarchies du Golfe, dans le cas marocain.
Le «cas» algérien inquiète les dictatures d’autant plus que le caractère pacifique des manifestations priverait les régimes despotiques d’un recours à la force au risque de faire réagir la communauté internationale et de subir de lourdes sanctions.
H. A.
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