Djaballah explique pourquoi il s’oppose au slogan «pour un Etat civil»
Par Saïd N. – Le chef du parti islamiste El-Adala, Abdallah Djaballah, se dit dérangé par le slogan porté avec de plus en plus d’insistance par les manifestants «Dawla madaniya machi âaskariya !» (Pour un Etat civil et non militaire). Il en donne une explication très originale. Selon lui, les promoteurs ou les partisans de l’Etat civil s’inspirent du modèle français, fondé essentiellement sur le principe de la laïcité.
Invité, mardi, au Forum du quotidien arabophone El-Wassat, Abdallah Djaballah trouve qu’il y a beaucoup d’amalgame dans ce concept tel qu’il est posé aujourd’hui par les manifestants. S’il reconnaît que l’Etat civil est celui où le chef de l’Etat est élu par le peuple, il n’en rejette pas moins toute référence à la laïcité qui exclut la religion de la sphère politique. Cela dit, opposer le «militaire» au «civil» dans le contexte algérien actuel crée, d’après Djaballah, une autre confusion sur le rôle qu’accomplit l’institution militaire contre la corruption et les corrompus.
Affichant clairement son rapprochement avec la démarche politique de l’état-major de l’armée, le chef de file d’El-Adala, parti qui se considère comme un ersatz de l’AKP d’Erdogan, salue ce qu’il qualifie de «campagne contre la corruption» et l’incarcération de nombreux symboles de ce fléau, tout en appelant à la poursuite du mouvement de protestation populaire, dès lors que toutes ses revendications ne sont pas, selon lui, satisfaites.
Interrogé sur la question des détenus d’opinion, l’invité du Forum d’El-Wassat indique avoir appelé à des mesures en leur faveur, tout en estimant que «la liberté d’opinion a ses règles et ne doit pas être absolue». En moralisateur, il considère que cette liberté «ne doit pas nuire à la société et à soi-même». A propos du port du drapeau amazigh, Djaballah n’y voit pas d’inconvénient, à condition que cela «n’attente pas à l’unité nationale».
Concernant le processus de dialogue engagé par les partis et personnalités réunis le 6 juillet dernier, Djaballah annonce que des consultations sont en cours mais reconnaît que ses partenaires n’ont pas réussi à réaliser le consensus autour d’une «vision commune».
S. N.
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