Le coup franc d’anthologie de Riyad Mahrez et la question algéro-française
Par Fethi Selamni – Riyad Mahrez avance, un pas, deux… puis tire. L’Algérie est libérée. L’Algérien où qu’il se trouve éclate de joie et le montre à sa manière. Où qu’il se trouve, on ne dénombre aucune casse, aucune arrestation, et aucun cri d’horreur à la face du monde n’est poussé pour crier sa haine de l’Algérien. Au contraire, parfois, dans certains pays, on se mélange aux Algériens et on chante à tue-tête : one, two tree, viva l’Algérie !
Le drapeau tricolore est hissé partout et même dans la lointaine Chine, un Algérien s’invite dans un cours de catéchisme son drapeau algérien à la main sans qu’aucun des élèves, ni l’éducateur s’offusque et crie au scandale, le cours continue, et les exemples sont si nombreux… Sauf en France où la haine, le racisme, la jalousie ont tordu le visage de ce pays droits-de-l’hommiste au point de se rider. Le visage de la France est fripé à l’image de son icone Bardot, qui pleure à la vue d’un chat tombé d’un arbre mais ne s’offusque point du massacre de Palestiniens, ne pipe mot sur les massacres d’enfants yéménites dont la France, pays des droits de l’Homme et des libertés, y est partie prenante.
Quand la France d’hier tuait à coups de machettes et de balles des milliers d’Algériens, quand la France d’hier irradiait les Algériens dans le Sud, quand la France d’hier spoliait les richesses des Algériens et refuse même aujourd’hui de rendre les crânes de résistants algériens, préférant les garder dans un musée pour le plaisir de se rappeler combien son apport a été civilisationnel, personne ne trouve à redire.
Quand la France d’aujourd’hui reconduit les mêmes méthodes colonisatrices dans d’autres pays, en Libye voisine et en Afrique, quand la France d’aujourd’hui corrompt, viole des Africaines et vole les richesses du continent, personne ne s’offusque, personne ne met le holà à ce hold-up et à ces massacres qui ne disent pas leur nom. La France fripée à l’image de Bardot se recroqueville sur elle-même et se tait. Silence, ici on ne noie plus les Algériens mais on commet d’autres massacres ailleurs, pour la paix et l’apport civilisationnels français (sic).
Mahrez avance, un pas, deux… puis tire. La France est scandalisée, horrifiée et les tirs croisés se multiplient : on accuse, on vilipende ce trouble-fête qu’est l’Algérien. Mais l’Algérien n’a cure de cette France malade, n’a cure de ses vociférations, n’a cure de sa Bardot. Il fête le but d’anthologie de Mahrez et laisse la France d’hier et d’aujourd’hui patauger dans sa haine. La casse, les feux… sont tous d’origine algérienne ? Ce n’est pas comme ce chauffard franco-algérien… pardon franco-marocain qui a renversé cette pauvre dame algérienne sortie, elle aussi, fêter la consécration des Verts ? Que disent les rapports de police ? Que dit le ministère de l’Intérieur ? Qu’ils avancent leurs preuves parce que tenir un drapeau algérien et courir pour casser ou brûler n’est nullement une preuve de nationalité.
Mahrez avance, un pas, deux… puis tire. Mais quelle leçon en tirer ? Le mouvement du 22 Février a donné une leçon de civisme, un autre visage des Algériens, une leçon de libertés. L’Algérie d’hier n’est plus, mais la France d’hier et d’aujourd’hui est toujours là, à l’affût de la moindre erreur. Nous ne devons plus permettre que des spécimens écornent cette image qui a forcé le respect de tant de nations, y compris de cette France haineuse, heureusement minoritaire. Nous n’avons plus le droit à l’erreur, nous n’avons plus le droit de leur tendre le bâton avec lequel ils se feront un plaisir de nous mater. L’Algérien d’ici et d’ailleurs doit être droit dans ses convictions, fier de son emblème, fier de son amazighité, fier d’appartenir à cette terre irriguée du sang de milliers de chouhada. Il nous reste la dernière manche, soyons à la hauteur !
Que ces accusations soient fondées ou pas, ne leur donnons aucune autre occasion de salir l’image de l’Algérien du 22 Février, celui qui nettoie ses rues après avoir crié à la face du pouvoir : Djazaïr hora dimocratiya et tatnahaw gaâ, celui qui nettoie les gradins après un match, celui qui porte haut et fort ses revendications sans casse, sans feu contrairement au pays des droits de l’Homme où chaque samedi est synonyme de violences, d’arrestations arbitraires, de vindicte policière… Les Gilets jaunes ont écrit leur page dans le sang, ils ont de quoi rappeler à cette France haineuse combien ses Liberté, Fraternité, Egalité sont à son image : fausses.
F. S.
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