C’est un ordre !
Par Kamel M. – Les tenants du pouvoir cherchent à amadouer le mouvement populaire en avançant comme gage de bonne volonté la libération prochaine des militants du hirak emprisonnés pour avoir exprimé, à l’instar des millions d’Algériens, leur revendication essentielle : le départ de tous les symboles militaires et civils du système Bouteflika encore en poste.
Mais la pilule ne passe pas. En laissant entendre que la présidence de l’Etat ferait un «geste d’apaisement», c’est surtout vers elle-même que ce geste se tourne, puisque ce sont les millions de citoyens qui manifestent chaque mardi et vendredi qui refusent de dialoguer avec un pouvoir qu’ils considèrent comme étant illégitime car il est l’émanation du régime Bouteflika.
La revendication du hirak est claire : il ne peut y avoir de transition vers un nouveau système fondé sur un Etat civil et un Etat de droit tant que les icônes du bouteflekisme, synonyme de corruption, de vénalité et de mépris envers le peuple sont encore aux commandes.
La libération des manifestants, du moudjahid Lakhdar Bouregaâ, de la présidente du Parti des travailleurs et de tous les détenus d’opinion est une évidence qui ne doit être accompagnée d’aucune condition, ni d’aucun préalable. Lier cette démarche impérative au dialogue est une forme de chantage fait à tout un peuple.
Le facteur de blocage qui empêche l’aboutissement à une sortie de crise est connu de tous. L’argument qui consiste à justifier le statu quo par le nécessaire respect des dispositions de la Constitution est balayé d’un revers de la main par l’exigence de l’application des articles 7 et 8 de cette même Constitution pour tourner définitivement la page de la sombre histoire du règne désastreux de Bouteflika et de son clan qui n’a toujours pas été éradiqué.
La prison a été figurée par les tenants du pouvoir actuel comme l’expression d’une lutte sans merci contre la rapine, longtemps et vainement dénoncée par le peuple depuis au moins deux longues décennies, et d’une réponse ferme à ceux qui osent s’opposer à eux. Dans cet emmêlement contre nature, le pouvoir tente de créer des amalgames, mais le piège ne prend pas.
Bensalah promet de libérer les prisonniers alors que le peuple ne le supplie pas de le faire ; il le lui ordonne en tant qu’unique détenteur de la légitimité constitutionnelle, politique et morale.
K. M.
Comment (34)