L’homme qui a révélé le pillage du trésor d’Alger sous Louis Philippe nous quitte
Par Karim B. – Triste nouvelle. Pierre Péan nous a quittés à l’âge de 81 ans. Sa dernière visite à Alger remonte à juin 2014. L’auteur de Main basse sur Alger s’était déplacé en Algérie pour animer une conférence-débat. Avant cela, il avait édité son livre aux éditions Chihab. Un livre important dans lequel il révèle un «gigantesque détournement de fonds à l’époque de Louis Philippe».
Pierre Péan s’interrogeait sur le but réel de l’occupation d’Alger par la France en 1832 : «Et si cette conquête avait été menée dans le but de faire main basse sur les immenses trésors de la Régence d’Alger afin de constituer les fonds secrets de Charles X pour corrompre et retourner le corps électoral ?» écrivait Pierre Péan, pour qui il est «difficile d’expliquer au bon peuple que les défenseurs de la chrétienté, censés être venus à Alger punir les pirates barbaresques, s’étaient livrés à un pillage éhonté».
«Tout a donc été fait pour que ce scandale fût étouffé», notait le journaliste d’investigation transfuge du Canard enchaîné. «Après une longue enquête, Pierre Péan a retrouvé les traces très embrouillées de l’or découvert dans les caves de La Casbah, où étaient entassés pêle-mêle des monceaux de quadruples d’Espagne et du Portugal, des mocos, des piastres fortes d’Espagne, des boudjous d’Alger et d’autres monnaies», explique l’éditeur. Selon Pierre Péan, «Louis Philippe, la duchesse de Berry, des militaires, des banquiers et des industriels, comme les Seillière et les Schneider, ont profité de cette manne.»
Le journaliste souligne dans son livre que «le développement de la sidérurgie française doit ainsi beaucoup à l’or d’Alger». «Dans cette chasse à la vérité, Pierre Péan fait revivre de grands aventuriers, a donné une place particulière à Jean-Baptiste Flandin qui s’est battu pour dénoncer les pilleurs, ainsi qu’au maréchal de Bourmont, authentique maître d’œuvre de toute cette aventure», précise encore l’éditeur, estimant que «Pierre Péan, enquêteur, a laissé l’actualité pour porter un regard sur un épisode obscur de notre histoire».
K. B.
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