Ce que le parti islamiste modéré tunisien Ennahdha pense du hirak algérien
Par Karim B. – Abdelhamid Jellassi, membre de la direction du parti de Rached Ghannouchi, s’est montré très optimiste quant à l’issue du mouvement de contestation populaire lancé le 22 février dernier en Algérie.
«L’Algérie a transcendé la décennie 1990», a affirmé ce dirigeant d’Ennahdha dans une déclaration faite à partir de Tunis à la chaîne d’information France 24. «Le mouvement du 22 Février est un exemple de rationalité entre trois composantes : la rue et la nouvelle catégorie des jeunes qui aspirent à la démocratie, le pouvoir qui a compris qu’il ne pouvait plus persister dans l’ancien système de gouvernance et l’opposition ouverte à la discussion», a affirmé Abdelhamid Jellassi.
«Je ne pense pas que l’Algérie sombre à nouveau dans un cycle de violence comme dans les années 1990. Les Algériens sauront dépasser cette situation grâce au dialogue», a-t-il encore affirmé.
«Concernant le projet d’intégration arabe, nous parlions dans les années 1950 et 60 de l’unité arabe, du socialisme, de la démocratie, de la cause palestinienne ; or, aucun de ses éléments ne s’est concrétisé. Aujourd’hui, les blocs régionaux comme les échanges bilatéraux sont désormais possibles grâce à la démocratie», a répondu le leader politique tunisien à une question sur le projet du grand Maghreb. «La Ligue arabe pourrait alors être réactivée en prenant exemple sur l’Union européenne», a encore préconisé le membre de la direction d’Ennahdha.
Le parti de Rached Ghannouchi a, par ailleurs, rendu un vibrant hommage au défunt président Béji Caïd Essebsi, enterré ce samedi en présence de plusieurs chefs d’Etat étrangers. Ennahdha s’est inscrit dès le lendemain de la chute du régime de Ben Ali dans le processus démocratique et compte s’imposer lors des prochaines élections comme un acteur incontournable sur la scène politique tunisienne.
L’hommage rendu par cette formation politique proche des Frères musulmans contraste avec les appels lancés à partir d’Algérie par les résidus du FIS qui ont déclaré Béji Caïd Essebsi «apostat» pour avoir renversé l’ordre établi et engagé des réformes courageuses dans son pays.
K. B.
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