Le pouvoir ruse et l’opposition se méfie : Karim Younès va-t-il jeter l’éponge ?
Par Houari A. – Le panel de dialogue conduit par l’ex-président de l’APN Karim Younès a essuyé, dans la journée de lundi, une succession de refus de la part des principales personnalités nationales approchées pour les inviter à faire partie de cette instance.
Ainsi, Mouloud Hamrouche, Ahmed Taleb-Ibrahimi, Mokrane Aït Larbi et Mustapha Bouchachi ont, séparément, opposé un niet catégorique à l’offre de Karim Younès, qui avait fondé tous ses espoirs sur ces figures politiques non partisanes pour se renchérir sur la scène politique après les réactions largement négatives de la rue et de l’opposition.
Karim Younès a réagi aux différentes déclarations de ces personnalités, en tentant de minimiser l’effet de ces positions sur le processus engagé. «Les invitations, a-t-il déclaré à l’APS, ont été adressées à ces personnalités pour rejoindre le panel, en raison de leur sens du devoir envers la patrie et leur sens du sacrifice, et libre à eux de répondre favorablement ou de décliner l’invitation du panel.» «On n’a pas de commentaires à faire sur leurs positions», a-t-il ajouté, avant de lâcher amèrement : «Si ces personnalités veulent créer un autre panel de dialogue qu’elles le fassent ! » Or, il sait bien qu’aucune d’entre elles n’a jamais formulé le vœu de constituer une quelconque instance de dialogue.
Hamrouche a déjà annoncé son refus de ne faire partie d’aucune instance de transition, ni électorale. Les trois autres, Aït Larbi, Taleb-Ibrahimi et Bouchachi, eux, sont favorables à une transition politique qui devrait être confiée à une direction présidentielle collégiale. Idée farouchement combattue par l’état-major de l’ANP, qui incarne le pouvoir de fait depuis la destitution du président Bouteflika le 2 avril dernier.
Pour l’instant, Karim Younès affirme qu’il poursuivra sa mission, en reformulant ses principaux préalables posés au pouvoir, à savoir notamment la libération des manifestants détenus pendant les marches et l’ouverture du champ politique. Pour lui, la réactivité des autorités est en-deçà des attentes, puisque seuls deux détenus ont été libérés jusqu’ici (encore frappés d’une condamnation par sursis).
Aussi le maintien des dispositifs sécuritaires toujours aussi renforcés autour de la capitale les jours de manifestation n’est-il pas fait pour encourager le panel à aller de l’avant. Le laxisme du pouvoir sur cette question peut bien, au final, servir de prétexte au chef de ce panel pour jeter l’éponge.
H. A.
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