L’avocat Salah Dabouz : «Le déni de justice est le pire des crimes !»
L’avocat de la veuve de Kamel-Eddine Fekhar, décédé en prison, s’est exprimé récemment dans une interview diffusée sur les réseaux sociaux. Salah Dabouz, qui en était à son 27e jour de grève de la faim au moment de son intervention, a tenu à rassurer sur son état de santé, en affirmant que son médecin lui a néanmoins conseillé de suivre certaines recommandations pour éviter que son cœur flanche. «Je tiens le coup», a rassuré l’avocat, qui a assuré qu’il était toujours en contact avec ses confrères, dont le bâtonnier Belantar qui l’a accompagné «durant toute cette cabale judiciaire», ainsi que le barreau de Boumerdès et des avocats de Béjaïa et de Tizi Ouzou, a-t-il dit.
«Je suis aussi en contact avec ma cliente, Mme Zahira Fekhar. C’est suite à toutes ces discussions que je prendrai une décision concernant le mode de contestation que j’ai choisi», a indiqué Maître Salah Dabouz, qui a insisté sur le fait qu’une grève de la faim «ne tue pas si on maintient un minimum d’alimentation qui peut nous permettre d’avoir un peu d’énergie, au moins pour assurer les fonctions vitales». «Quand on observe une grève de la faim, c’est que toutes les voies ont été fermées», a souligné l’avocat. «J’ai déjà expliqué les raisons de mon action. Je conteste un déni de justice. Je trouve que le déni de justice est le pire des crimes. Quand on conteste un déni de justice et que les autorités ne font rien, c’est encore pire. C’est une situation qui ressemble beaucoup au chaos. Si l’avocat crie au déni de justice, que peut dire le simple citoyen qui ne peut faire entendre sa voix ? Personne ne peut l’entendre si ce n’est pas une organisation ou une personnalité qui peut lui faire écho», a-t-il regretté.
«Je ne mène pas cette action pour dénoncer le déni de justice que je subis personnellement ainsi que mes clients, mais pour dire que dans ce pays, il y a un déni de justice flagrant. Beaucoup de citoyens n’ont pas accès à la justice. On leur ferme les portes, on leur complique les procédures qui – je peux vous l’assurer en tant qu’avocat –, dans certaines situations, sont très compliquées de façon que beaucoup de justiciables abandonnent leurs droits parce qu’ils ne peuvent pas poursuivre toutes les procédures compliquées que leur impose ce régime», a fait remarquer Maître Salah Dabouz soutenu par un très grand nombre de citoyens à travers les messages de sympathie qu’il reçoit.
«Il faut que tout cela change. Il faut absolument que cela change. Je continuerai à contester [cet état de fait] soit sous cette forme (la grève de la faim, ndlr), soit sous d’autres formes, pour essayer de changer quelque chose pour qu’au moins les justiciables, les citoyens, aient accès à la justice», a souhaité l’avocat, avant de s’interroger : «Pourquoi le citoyen ne peut-il pas déposer une plainte contre un responsable ? Pourquoi il n’y a que le gouvernement qui peut décider des poursuites engagées contre des responsables ? Pourquoi pas nous ? Pourquoi ne peut-on pas déposer une plainte contre Ouyahia et pourquoi faut-il que ce soit une décision politique ? Pourquoi ne peut-on pas intenter des procès contre des responsables qui sont en poste maintenant ? Pourquoi devrait-on attendre que ce soit le gouvernement qui le fasse ?» Et de répondre : «Cela prouve que la justice en Algérie est un instrument entre les mains du pouvoir.»
K. M.
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