Dossier de L’Obs sur la colonisation en Algérie : ton novateur et faits inédits
Par Saïd N. – Une semaine après le deuxième appel lancé à l’adresse des parlementaires par l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) pour leur demander d’inscrire la condamnation de la colonisation dans leurs débats, l’hebdomadaire français de gauche L’Obs (anciennement Le Nouvel Observateur) consacre un numéro spécial de 20 pages à cette période tumultueuse, avec un titre évocateur : «Quand la France occupait l’Algérie». Cela apparaît bien comme une réplique indirecte à ce regain d’intérêt en Algérie pour l’histoire de la colonisation mais, aussi, une forme de solidarité avec les Algériens toujours en lutte pour leur libération et leur souveraineté.
Le magazine donne la parole à un spécialiste de l’histoire d’Algérie, et partout vu comme plutôt un sympathisant de la cause algérienne, Benjamin Stora. En titre de l’interview : «La conquête de l’Algérie par la France a été très meurtrière».
Plusieurs articles intéressants et au ton novateur complètent ce dossier, par ailleurs émaillé d’illustrations inédites. Un article sur l’histoire de la colonisation racontée par la presse française de l’époque nous fait découvrir des archives inédites sur l’épisode de la conquête d’Alger et la prise du palais du dey Hussein le 5 juillet 1830.
Un autre article, signé Nathalie Funès, nous replonge dans l’ambiance putride des festivités organisées par l’armée conquérante pour fêter dans le faste le Centenaire de la colonisation. La journaliste écrit : «Il est 14 heures, ce 5 juillet 1830. Après vingt jours de combat, les troupes de Charles X hissent le pavillon du Roi sur le palais du dey et le canon retentit pour saluer la prise de la Régence turque d’Alger. La date symbolise le début de la colonisation en Algérie. C’est celle-là, qu’un siècle plus tard, la France décide de choisir pour fêter comme il se doit son œuvre colonisatrice et civilisatrice. Deux ans de préparation, des dizaines de millions de francs engagés, six mois de cérémonies.»
La même journaliste, auteure d’un ouvrage intitulé Mon oncle l’Algérie, paru en 2010, signe un autre article répondant aux préoccupations algériennes actuelles, sur le code infâme de l’indigénat. «Pendant plus d’un siècle, écrit-elle, le code de l’indigénat a soumis les sujets coloniaux à une répression particulière échappant aux garanties du droit commun.» Un système qui justifierait largement une loi incriminant la colonisation, comme le réclame l’ONM.
S. N.
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