Le panel mis en place par le pouvoir s’autoproclame Parlement de facto
Par Houari A. – Le panel mis sur pied par le pouvoir malgré son rejet par les citoyens a franchi un nouveau pas dans la violation des lois de la République. En effet, apprend-on, cette instance aurait proposé un projet de loi instituant une commission pour la supervision des élections. En agissant ainsi, le panel «présidé» par Karim Younès s’approprie de fait les prérogatives d’un Parlement élu.
Le pouvoir en place n’en est pas à sa première transgression de la Constitution. Partis politiques, militants des droits de l’Homme et membres influents du hirak s’accordent à dire que le pays vit une situation de non-droit depuis la démission de Bouteflika et d’accaparement du pouvoir par les symboles du système qui veulent imposer des élections présidentielles rejetées par les millions de citoyens qui battent le pavé depuis le 22 février.
Hier à Chlef, aujourd’hui à Boumerdès, des citoyens en colère ont envahi la salle où devait se tenir une réunion programmée par le panel et ont rabroué son président et ses collègues. Auparavant, à Alger, des étudiants avaient fait de même de façon pacifique. Des sources concordantes indiquent, dans ce sillage, que des comités de «soutien» à cette organisation imposée par l’état-major de l’armée sont en cours de mise en place, dans la même logique qui a toujours présidé à ce genre de pratiques, «marque de fabrique» du système toujours en vigueur.
Cette nouvelle provocation, qui intervient après les discours menaçants du chef d’état-major, a fait réagir les citoyens décidés à faire échec au panel dont les manœuvres flagrantes visent clairement à faire aboutir la feuille de route dictée par le commandement de l’armée qui, à partir des casernes, enjoint au peuple de se rendre aux urnes «dans les plus brefs délais» pour élire un président qui assurera la survie et la continuité du régime Bouteflika.
Le panel est considéré comme une excroissance du pouvoir actuel et n’est pas reconnu par les citoyens. C’est ainsi que les noms de Karim Younès et Ali Benflis, qui semble adhérer à la démarche du pouvoir dans l’espoir d’occuper enfin le fauteuil d’El-Mouradia qu’il lorgne depuis 2004, sont scandés chaque mardi et vendredi aux côtés de celui du chef de l’armée dont ils exigent le départ immédiat pour permettre la tenue de véritables présidentielles sous la houlette de personnalités respectées qui garantiront des élections transparentes et honnêtes.
H. A.
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