Comment le FLN est devenu une machine à broyer ses chefs cooptés
En moins de deux mois, l’ancien parti unique aura «englouti» trois secrétaires généraux, dont un est en prison et le second en voie de le rejoindre. Du coup, l’avenir du FLN semble plus que jamais menacé.
Le spectacle est désormais classique. Dès l’annonce de la demande de levée de l’immunité parlementaire du député et homme d’affaires Mohamed Djemaï, des membres de la direction du parti se sont empressés d’appeler à le destituer rapidement de son poste de secrétaire général qu’il occupait par intérim depuis la démission forcée de Mouad Bouchareb, le 2 juillet dernier. Comme son prédécesseur, Mohamed Djemaï se croyait impuni grâce à sa proximité zélée avec le nouveau pouvoir et prémuni par les hommes de son entourage immédiat qu’il avait promus à des postes-clés. Mais il semble avoir oublié que la règle dans son parti, celle-là même qui l’avait propulsé à ce poste tant convoité, est que la disgrâce est fatale.
Deux membres du comité central ont déjà appelé à la tenue d’une session extraordinaire pour élire un nouveau secrétaire général. Il s’agit du sénateur Fouad Sebouta et l’ex-sénateur Brahim Boulahia. Les deux ont demandé à Mohamed Djemaï de déposer sa démission «immédiatement» pour permettre au parti de se réorganiser et de «préserver sa cohésion» qu’ils estiment aujourd’hui menacée.
Ainsi, ces cadres dirigeants du FLN découvrent aujourd’hui que les discours de Mohamed Djemaï «ont fini par discréditer le parti et ternir son image auprès des citoyens et des militants» et que ses déclarations étaient «improvisées», «provocatrices» et «parasitent l’action de l’institution militaire et de la présidence de la République».
Or, Mohamed Djemaï s’est distingué, depuis son intronisation à la tête de ce parti, qui a servi de locomotive aux quatre mandats de Bouteflika, par son allégeance totale au pouvoir de fait qu’incarne le commandement de l’armée, en cautionnant systématiquement toutes les injonctions politiques émanant de celui-ci, dont la dernière en date est la convocation du corps électoral. En politique, sa réaction aux assauts répétitifs de l’Organisation nationale des moudjahidine qui demande de classer le FLN comme patrimoine commun aux Algériens est jugée «trop molle», voire «maladroite».
S. N.
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