Les fossoyeurs
Par Karim B. – Les rayons des hypermarchés Uno d’Issad Rebrab se vident sinistrement, rappelant les Souk El-Fellah de triste mémoire et donnant l’image lugubre et effrayante d’une économie sacrifiée par le pouvoir sur l’autel de sa survie, fût-ce au détriment de l’intérêt général. Impliqués directement dans le régime Bouteflika dont ils ont assuré longévité et prospérité pendant vingt longues années, les tenants du pouvoir actuel ont échafaudé une opération «mains propres» accompagnée d’un show médiatique extravagant qui avait, au début, ébloui l’opinion publique avant qu’elle se réveille et prenne conscience de cette machination machiavélique.
Emprisonnant les chefs des plus grandes entreprises les uns après les autres, le pouvoir, qui a voulu se servir de fusibles pour se donner l’image du justicier venu à la rescousse d’un peuple razzié, a, au bout du compte, bloqué la machine économique et mis le pays dans une situation inextricable. Si dans le secteur public plus aucun cadre dirigeant ne veut apposer sa signature sur quelque document que ce soit au risque de se retrouver face au juge, dans le privé, la chaîne de production est rompue faute de confiance.
Les décideurs actuels, pour créer une diversion, ont opté pour une saturation médiatique exhibant les «oligarques» conduits dans des fourgons grillagés au tribunal puis à la prison d’El-Harrach. Les citoyens ont en jubilé, alors que les procès à la chaîne visaient en réalité à sauver le régime en jetant quelques-uns de ses «apparentés» les plus médiatiques à la vindicte publique.
Dans le lot, les instigateurs ont mêlé aux hommes d’affaires réputés proches de l’ancien cercle présidentiel, des industriels, à l’instar d’Issad Rebrab, dont la notoriété et la réussite économique gênaient les visées politiques de ceux qui feignent vouloir enterrer le système Bouteflika mais qui, dans les faits, n’en sont pas les fossoyeurs mais les résurrecteurs. Comme ils ont mêlé des officiers et des dirigeants politiques arrêtés pour crime de lèse-majesté.
La répartition du gâteau ne s’étant pas déroulée comme l’auraient voulue ceux qui, aujourd’hui, nous chantent les vertus de la rectitude et de la probité, une guerre des clans pour la poursuite du pillage éhonté des richesses du pays fait rage sous les yeux effarés des citoyens qui découvrent que la mafia est à ce point effrontée qu’elle n’hésite pas à mettre le pays à genoux pour protéger son avariée récolte et sauvegarder sa damnée prébende.
K. B.
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