Slogans d’une virulence extrême dans les stades contre le chef d’état-major
Par Mohamed K. – Les slogans scandés dans les tribunes des stades lors des rencontres de football sont autrement plus virulents que ceux qu’on entend durant les manifestations de vendredi. Le chef d’état-major de l’armée est sévèrement pris à partie en des termes extrêmement violents.
Ces scansions corrosives sont une réponse directe des jeunes à l’escalade voulue par Gaïd-Salah, qui a décidé de passer à la vitesse supérieure dans sa politique de répression de la contestation populaire. L’arrestation du très médiatique Karim Tabbou, militant actif du Hirak, a mis le feu aux poudres et il est à craindre que cette décision hasardeuse soit l’étincelle qui mettra le feu aux poudres.
C’est que les supporters n’ont pas été tendres avec le parrain du régime lors de la dernière rencontre qui s’est déroulée ce samedi. Des tribunes du stade ont jailli des injures qui n’auraient pas pu être proférées lors des marches pacifiques du vendredi. Signe que la Rue est à bout et que la patience des citoyens a atteint ses limites.
La colère est montée d’un cran ce mercredi lorsqu’aux prisonniers d’opinion jetés en prison par un commandement de l’armée qui présente des signes évidents de panique face à l’impossibilité de mener à terme son plan visant à imposer sa feuille de route, contestée par les millions d’Algériens qui ont encore battu le pavé à travers tout le pays ce vendredi, s’est ajouté un autre militant politique. Preuve que les arrestations ne s’arrêteront pas et que le pouvoir incarné par l’inamovible chef d’état-major de l’armée se renferme de plus en plus dans sa logique autoritaire. Le passage en force voulu par Gaïd-Salah pour sauver le système dont il est une des incarnations est en train de se fracasser contre la détermination des citoyens à aller jusqu’au bout de leur revendication démocratique.
Adoptant une attitude hostile et belliqueuse, Gaïd-Salah s’est attiré les foudres de millions de citoyens et a focalisé sur lui le déchaînement d’une population dégoutée par un régime corrompu qui s’est enraciné et qui refuse de lâcher les manettes du pouvoir, quitte à conduire le pays à sa perte.
Le message des supporters ce samedi est clair et il devient évident que le départ immédiat de Gaïd-Salah, de ses proches collaborateurs qui l’ont encouragé à aller à contresens de la volonté populaire et des reliques du gouvernement Bouteflika constituera la première étape d’un processus qui devra conduire à une sortie de crise rapide et, surtout, sans grabuge.
M. K.
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