Les médias étrangers cherchent-ils à étouffer le soulèvement des Algériens ?
Par Karim B. – Le Mouvement de contestation populaire algérien est-il devenu un «non-événement» aux yeux des médias internationaux ? La lecture quotidienne des sites et des journaux indiquent que le Hirak n’est plus considéré par nos confrères étrangers comme un fait majeur, tandis que les journaux télévisés et les émissions sur les chaînes de télévision ignorent presque l’existence d’une crise politique gravissime en Algérie dont l’onde de choc risque d’entraîner toute la région dans une dangereuse période d’instabilité.
La contestation en Algérie est loin d’avoir bénéficié d’une très large couverture médiatique comme celle réservée à la crise soudanaise. Les reportages quotidiens et le nombre impressionnant de programmes consacrés à cet événement contrastent énormément avec le peu d’intérêt que ces mêmes relais semblent accorder à la situation explosive en Algérie, dont les derniers développements augurent une escalade après l’annonce par Bensalah de la date de la tenue de l’élection présidentielle, rejetée par le peuple.
Qu’est-ce qui explique ce revirement, en dépit de la contradiction flagrante entre la place prépondérante que l’Algérie occupe dans le Bassin méditerranéen et l’impact direct que l’évolution de la situation aura sur de nombreux pays de la région, notamment au Maghreb et au Moyen-Orient, et cette désaffection inexpliquée ? Une région où les dirigeants politiques craignent une contagion du fait de la similitude de la cartographie politique marquée par le refus de plus en plus manifeste des peuples à accepter le mode de gouvernance oppressif et rétrograde qui leur est imposé depuis des décennies.
La Révolution soudanaise a réussi à franchir un pas important sur le chemin de l’affranchissement du joug de la dictature militaire, tandis que l’Algérie est en train de faire le chemin inverse. Malgré la grave menace de dérive dictatoriale qui pèse sur ce pays pivot, et nonobstant le nombre impressionnant de citoyens qui manifestent par millions depuis près de sept mois, la Révolution algérienne en marche est quasiment occultée, au point d’occuper des espaces secondaires dans les colonnes des journaux et quelques secondes entre deux faits divers sur les chaînes d’information en continu.
Cherche-t-on à étouffer le soulèvement des Algériens pour l’instauration d’un Etat civil, débarrassé des archaïsmes, tourné vers l’avenir et ouvert sur la modernité ?
K. M.
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