Hassan Rabehi : le rôle avilissant d’un diplomate au service d’une dictature
Par Brahim T. – De tous les membres du gouvernement illégitime de Gaïd-Salah, le ministre de la Communication est sans doute celui qui a le plus déçu l’opinion publique. Diplomate de carrière, Hassan Rabehi a accepté de servir de porte-voix à un régime rejeté par l’écrasante majorité des citoyens.
Plus grave, les dérives dictatoriales du chef de l’armée, qui multiplie les discours belliqueux et insultants à l’égard du peuple, trouvent chez l’ancien secrétaire général du ministère des Affaires étrangères un écho favorable, tant et si bien qu’il se surprend à les justifier contraint et forcé par sa fonction ingrate.
Paraissant gêné face à la presse mais cachant tant que bien mal son malaise en esquissant un rictus en guise de sourire de circonstance, Hassan Rabehi pave le chemin à Gaïd-Salah qui s’apprête à organiser un show médiatique à Blida où seront jugés les «comploteurs contre l’armée et l’Etat», comprendre contre sa personne.
Hassan Rabehi a-t-il été contraint d’accepter cette tâche ardue qui le place dans la première rangée d’un gouvernement honni par l’écrasante majorité du peuple résolue à éradiquer le système Bouteflika, incarné par le chef d’état-major de l’armée qui s’échine à le sauvegarder, y compris par la force ? D’aucuns pensent que de nombreux responsables politiques ayant fait partie de «l’ancien» régime sont pris en otages par le commandement de l’armée, au premier rang desquels le Premier ministre, voire le chef de l’Etat intérimaire lui-même qui auraient exprimé leur souhait de se retirer, ne supportant plus d’être jetés ainsi à la vindicte populaire, mais en vain.
Il faut rappeler que Gaïd-Salah était épargné au début, lorsque les manifestants exigeaient le départ des «trois B» – Bensalah, Belaïz et Bedoui –, allant jusqu’à louer les «mérites» du chef de l’armée considéré alors comme celui qui allait débarrasser le pays du «clan mafieux», représenté par Bouteflika et un certain nombre d’hommes d’affaires proches de l’ancien cercle présidentiel aujourd’hui emprisonnés. Mais les citoyens ont vite fait de s’apercevoir du complot que l’omnipotent général octogénaire et ses collaborateurs au sein de l’état-major de l’armée expurgé de toute voix discordante avaient échafaudé avant la démission forcée de Bouteflika.
La carrière diplomatique longue et riche de Hassan Rabehi finit en queue de poisson. Les Algériens ne retiendront de lui que sa posture de porte-parole d’une dictature qui mène le pays à sa perte, comme il ne restera de son sinistre passage au ministère de la Communication que les stigmates de sites censurés, d’une presse muselée et de chaînes de télévision mises au pas.
B. T.
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