Djilali met en garde contre un glissement aux conséquences irréversibles
Par Saïd N. – Le président de Jil Jadid se dit sceptique quant à l’évolution de la situation en Algérie. Après avoir, un moment, prôné une solution alliant élection présidentielle et processus constituant, Sofiane Djilali appelle carrément à l’annulation des élections car, selon lui, «aller en ce moment aux élections sans le feu vert de la rue menacerait tout le processus électoral, surtout avec la hausse du nombre d’arrestations dans les rangs du Hirak dernièrement».
Dans un entretien accordé à l’agence allemande DPA, paru jeudi, Sofiane Djilali explique que «le pouvoir veut réprimer toute voix qui rejette le processus électoral et, par conséquent, s’attelle à démanteler le Hirak à travers une série d’interpellations et d’arrestations qui ont touché un certain nombre de ses dirigeants parmi les plus en vue». Le leader de Jil Jadid en conclut que le pouvoir «s’entête à tenir les élections même avec une faible participation limitée de la population».
Dans le même registre, Sofiane Djilali estime que toutes les mesures d’apaisement prises ou annoncées par le pouvoir ne suffisent pas, preuve en est «l’accroissement du nombre de manifestants, comme on l’a vu vendredi dernier, malgré le renforcement du dispositif sécuritaire et le bouclage instauré autour de la capitale».
Sofiance Djilali relève qu’avec le retour en force du Hirak, «après une période de déclin en raison de la vague de chaleur extrême en été», il y a lieu de craindre une radicalisation notable des voix du Hirak, conséquence des pratiques répressives du pouvoir, qui «peut mener à un glissement aux conséquences imprévisibles», avertit-il.
Enfin, le président de Jil Jadid ne manque pas de critiquer certaines attitudes de l’opposition qui, selon lui, avance parfois des revendications excessives, en exigeant le départ de tous les responsables de l’ère Bouteflika, chose qui, d’après lui, risque de menacer la stabilité de l’Etat.
Aussi Sofiane Djilali considère-t-il que l’opposition a raté l’occasion de contraindre le pouvoir à transformer son dialogue virtuel en dialogue sérieux, traduisant les attentes de la rue. Résultat : le pouvoir a réussi à gagner à sa cause quelques figures de l’opposition et à les convaincre de prendre part aux élections.
S. N.
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