La grave crise alimentée par le pouvoir provoque une vague d’émigration
Par Saïd N. – Conséquence de la crise sociale et politique qui perdure dans le pays et, certainement, d’un désenchantement généralisé, les vagues d’immigration clandestine vers l’Europe ont repris de plus belle depuis quelques semaines. En témoigne le nombre de personnes, souvent jeunes ou très jeunes, qui sont interceptées par les garde-côtes dans différents endroits ou celui de naufragées repêchées dans les eaux territoriales. Sans compter les «heureux» candidats qui parviennent sains et saufs à leur destination.
La dernière opération en date est enregistrée samedi 5 octobre par le groupement territorial des garde-côtes de Béni-Saf, dans la wilaya d’Aïn Témouchent, point de départ favori des candidats à l’émigration clandestine parce que le plus proche géographiquement de l’Espagne. Soixante-treize personnes, dont quatre femmes, en tout ont été interceptées soit sur le quai du port, soit en pleine mer. Nous apprenons que sept d’entre elles sont originaires de la région de Sidi Aïch, wilaya de Béjaïa.
Chaque jour, des comptes rendus de la presse font état d’une hausse sans précédent du nombre de harraga qui cherchent à quitter le pays, en empruntant des embarcations de fortune, tout en étant conscients des risques qu’ils encourent : risque de se noyer en haute mer et risque de se faire arrêter par les autorités du pays de départ ou de celui d’arrivée.
De l’avis des observateurs et des spécialistes, la reprise en force de ce fléau traduit une désillusion chez une frange de la jeunesse algérienne qu’il reste à disséquer après l’éphémère espoir suscité par les grandes manifestations populaires contre le système, et bloqué par le pouvoir en place par sa volonté de se maintenir à tout prix. Tout le monde avait, en effet, constaté, durant les premiers mois du mouvement citoyen, que le mouvement des harraga s’était presque estompé, laissant place à de l’enthousiasme et un renchérissement de soi chez ces jeunes désabusés et voyant tous les horizons fermés.
Autre signe de régression qui va de pair avec ce désir fou de fuir le pays : le retour de la violence chez cette catégorie de jeunes, avec la montée tout aussi préoccupante des homicides et des crimes crapuleux. Le dernier en date a eu lieu dans la nuit de samedi, à Sétif, où un jeune d’une vingtaine d’années a été atrocement égorgé par un autre jeune de la même génération en plein centre-ville.
S. N.
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