Zekri : «S’il y a une loi sur l’interdiction du voile nous la combattrons !»
Par Karim B. – Le débat sur le voile revient de plus belle en France où des voix contradictoires s’élèvent pour exprimer chacune son opinion sur ce sujet clivant.
Invité par RTL à donner son avis, Abdallah Zekri a mis au défi le gouvernement français de faire adopter une loi interdisant le port du voile ou le foulard dans l’espace public. «S’il y a une loi qui interdit aux accompagnatrices de groupes scolaires de porter le voile, nous la combattrons», a protesté le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) car le port du foulard relève des libertés individuelles dans «l’Etat de droit qu’est la France», a-t-il argumenté.
«Quand il s’agissait de l’interdiction du voile à l’école en 2011, nous étions les premiers à dire aux jeunes filles d’enlever le foulard quand elles rentrent à l’école et qu’elles sont en classe, et qu’elles pouvaient le remettre une fois à l’extérieur, c’est la liberté de chacun», a indiqué le président de l’Observatoire contre l’islamophobie. Et de s’interroger : «Pourquoi, quand il s’agit de liberté, on ne limite que celle des musulmans ? Peut-on avoir un apaisement en France par rapport à la religion ? C’est uniquement l’islam qui est concerné. Allons-nous interdire aux femmes juives de porter des perruques parce que c’est leur croyance ? Moi, je respecte ces femmes, alors qu’on respecte également la croyance des femmes musulmanes», a affirmé Abdallah Zekri, en estimant que «la France n’a pas de problème avec les musulmans mais avec les intégristes et les terroristes».
Zekri reproche aux politiciens de toujours faire des musulmans un argument de campagne. «Actuellement, a-t-il fait remarquer, on entre en période électorale et j’ai toujours dit que lorsqu’on entre en période électorale, les musulmans en prennent toujours plein la gueule, si j’ose m’exprimer ainsi, par des discours stigmatisants, par une hystérie par rapport au voile, etc. Un moment donné, c’était le repas en cantine ; maintenant, c’est le voile ; la prochaine fois, ce sera quoi ?» s’est indigné l’invité de RTL qui a déjà eu à s’exprimer récemment sur CNews suite à l’attentat qui a coûté la vie à quatre officiers de police à la Préfecture de Paris.
«Les musulmans veulent vivre en paix et dans la fraternité. Il faut respecter le vivre-ensemble entre les différentes communautés et ce n’est pas en agissant comme ça que les problèmes seront réglés», a averti Abdallah Zekri, qui a démenti, au passage, l’information donnée par le ministre français de l’Education selon laquelle le nombre de jeunes filles musulmanes scolarisées serait en baisse. «C’est faux, a-t-il répliqué, qu’on nous donne les chiffres des rentrées scolaires 2018-2019 et 2019-2020 pour prouver cela», exigeant du ministre qu’il fournisse des chiffres précis. «Il faut tenir compte des jeunes filles qui vont dans des écoles privées. Je vous cite un exemple : à Marseille, quand il y a eu la loi [interdisant le port de signes religieux ostentatoires], des écoles catholiques étaient presque fermées, d’un seul coup, 100 à 150 jeunes filles qui portaient le foulard s’étaient inscrites dans des écoles privées catholiques, parce qu’elles ne voulaient pas retirer le foulard mais respectaient les lois de la République», a-t-il fait savoir.
Abdallah Zekri a estimé qu’il ne fallait pas confondre vigilance et délation dans la surveillance des extrémistes. «Les mosquées salafistes, il faut les surveiller. Mais quand cela doit-il commencer et quand cela doit-il se terminer ?» a-t-il mis en garde, avant de condamner le port du voile forcé par les petites filles : «C’est de l’exagération, il ne faut pas qu’on donne le biberon du salafisme à ces petites filles en les blindant dans un tissu qui ne correspond pas aux valeurs de l’islam», a relevé le délégué général du CFCM.
K. B.
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