Fermeture d’églises : une diversion sous couvert de «lutte contre l’anarchie»
Par Saïd N. – L’annonce de la fermeture par les autorités d’une douzaine de lieux de culte chrétien dans la seule wilaya de Tizi Ouzou est justifiée officiellement par un souci de mettre de l’ordre dans ce secteur et montrer de la fermeté face à la prolifération constatée ces dernières années en Algérie de communautés religieuses plus proches, en réalité, de sectes activant souvent sans autorisation.
Cela dit, lorsqu’une opération d’une telle ampleur est décidée et exécutée dans le contexte politique actuel, cela ne peut que susciter des interrogations. Déjà, le choix de la région, ouvertement stigmatisée par les relais du pouvoir pour son rôle moteur dans le mouvement de contestation citoyen, est loin d’être fortuit. Pour nombre d’observateurs, cette nouvelle focalisation sur la Kabylie s’inscrit clairement dans le cadre des opérations de diversion montées par le pouvoir en place en vue de diviser les rangs du Hirak. Celui-ci a déjà tenté de le faire, une première fois, en mettant en scène la question du drapeau identitaire amazigh, décrit comme le symbole de la discorde et de velléités séparatistes.
Aussi, le moment ne semble pas du tout bien choisi pour s’aliéner la communauté internationale sur cette question sensible du respect de la liberté du culte, l’Algérie ayant déjà été, à plusieurs reprises, épinglée par les ONG internationales de défense des droits de l’Homme et même dans certains rapports officiels des capitales occidentales sur la persécution dont sont victimes les minorités confessionnelles qui vivent sur son sol.
Il faut dire que l’absence quasi totale du ministre actuel des Affaires religieuses et des Wakfs, qui contraste avec le dynamisme de l’ancien titulaire de ce portefeuille, Mohamed Aïssa, n’est pas fait pour aider à défendre la position de l’Etat algérien et à rassurer ses partenaires étrangers.
S. N.
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