Le dernier virage
Par Mohamed K. – Trois signes avant-coureurs d’une fin de règne se sont réunis en moins de quarante-huit heures : d’abord l’humiliante prestation du chef de l’Etat intérimaire devant son homologue russe à Sotchi, où le représentant de l’Algérie a, quelque peu, malgré lui, montré au monde entier, mais d’abord aux Algériens, le niveau de déliquescence atteint par le pouvoir qu’il représente officiellement, celui-là même qui fait mine de démontrer ses forces et de maîtriser la situation. Il va sans dire que, pour laver l’affront, le pouvoir réel, c’est-à-dire le commandement de l’armée, ne peut se payer le luxe de limoger Bensalah, autrement il l’aurait fait sans la moindre hésitation.
Deuxième signe de cette fin proche du régime actuel : la rébellion massive des magistrats qui annoncent une grève générale à partir de ce dimanche.
Si leur action est, avant tout, une réponse au massacre opéré la veille par le ministre de la Justice qui avait décidé, sans crier gare, d’écarter ou de muter près de trois mille juges, leur insurrection aujourd’hui peut être décisive dans le combat qui se corse entre le Hirak et le pouvoir, à partir du moment où tous les dispositifs de répression dressés contre les manifestants et les animateurs du mouvement de contestation reposent essentiellement sur l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire. Il est établi que si le régime a survécu tous ces mois, c’est parce qu’il avait encore entre les mains la justice.
Les juges semblent avoir agi par instinct, après avoir senti la fin proche du régime qu’ils ont servi.
Troisième indice attestant de l’agonie du régime : l’annonce de grandes perturbations de la connexion au réseau Internet jusqu’à vendredi 1er novembre trahit une peur panique au sein des décideurs qui, alarmés par l’idée d’un tsunami humain à quelques jours de l’entame officielle de la campagne électorale, cherchent désespérément un moyen de l’empêcher et de retarder ainsi sa chute.
M. K.
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