Rapport de Bensalah à Poutine : Moscou réagit pour tenter de «calmer le jeu»
Par Mohamed K. – Cinq jours après l’humiliante intervention du chef d’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, face au président russe, Vladimir Poutine, en marge du Sommet Russie-Afrique tenu à Sotchi, et alors qu’aucune voix officielle en Algérie n’a daigné répondre aux critiques et indignations exprimées sur le champ par de très nombreux citoyens sur les réseaux sociaux et lors des manifestations de vendredi dernier, c’est le porte-parole du gouvernement russe qui réagit pour tenter de «calmer le jeu».
Dans une déclaration reprise mardi par des agences de presse, le responsable russe a, en effet, assuré que l’intervention humiliante de Bensalah «n’était qu’un discours tout à fait ordinaire durant des entretiens bilatéraux». Répondant à ceux qui avaient vu Bensalah dans la posture d’un homme faisant un compte-rendu à son chef, le porte-parole russe a estimé qu’«il est difficile de parler de rapports». Et d’ajouter : «Ce genre d’entretiens est tout à fait normal entre interlocuteurs au cours de réunions bilatérales», en affirmant qu’«il est tout aussi normal qu’un chef d’Etat, qu’il soit élu ou intérimaire, tienne à rassurer ses interlocuteurs, à la veille d’une élection présidentielle, que tout fonctionnait normalement dans son pays et que la situation y est totalement maîtrisée, dans un cadre légal».
Bensalah avait, en effet, assuré son homologue russe que la situation en Algérie «était maîtrisée» mais n’avait pas insisté sur cette précision («dans un cadre légal») ajoutée par le porte-parole du gouvernement russe et que le chef d’Etat algérien aurait omis d’intégrer dans sa phrase.
Moins défendables, les assertions hilarantes d’Abdelkader Bensalah au sujet du mouvement de protestation populaire, récitées dans le même discours, n’ont inspiré aucune explication au porte-parole du gouvernement russe. Un silence compréhensible du fait que le sourire narquois de Poutine à ce moment-là se passe de tout commentaire.
Moscou semble gênée par la réaction de l’opinion publique algérienne qui a, pour la seconde fois, écorché la Russie aussi bien sur les réseaux sociaux que lors des manifestations de vendredi. A l’affaire des propos de l’ambassadeur de la Fédération de Russie déformés par l’ancien secrétaire général intérimaire du FLN s’est ajouté le compte-rendu obséquieux de Bensalah qui a fait dire aux millions d’Algériens qui s’opposent au pouvoir illégitime en place que le Kremlin s’immisce dans les affaires intérieures du pays. Ce que les Russes réfutent.
M. K.
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