Quelles mesures légales les magistrats préparent-ils contre la gendarmerie ?
Par Nabil D. – Dans son communiqué publié suite à la violation de l’enceinte judiciaire par des gendarmes à Oran et dans d’autres villes, le Syndicat national des magistrats a clairement indiqué que des mesures légales allaient être prises contre ceux qui ont ordonné cette action. Le communiqué ne précise pas les démarches que le Syndicat s’apprête à entreprendre pour ce faire, mais cela semble aller dans le sens d’une «guerre judiciaire» que les juges comptent déclarer au pouvoir exécutif et au commandement de la gendarmerie.
De nombreuses sources ont estimé que les juges «doivent cesser leur grève et reprendre le travail pour faire appliquer la loi à ceux dont les noms ont été cités par des lanceurs d’alerte comme faisant partie d’un clan mafieux et qui sont toujours aux commandes». Pour ces sources, «les juges doivent commencer par convoquer l’ancien député Baha-Eddine Tliba pour entendre sa version des faits dans l’affaire de la mort du wali d’Annaba, Mohamed-Mounib Sendid, et dans les affaires de détournement de foncier, d’abus de pouvoir et de trafic d’influence révélés par leur ancien associé incarcéré sur ordre du chef d’état-major».
«Par ailleurs, les magistrats, dont la mission constitutionnelle leur garantit une indépendance totale vis-à-vis du pouvoir exécutif, n’ont pas à crier et à brandir des slogans appelant à lever la tutelle exercée sur eux car ceci est une aberration», font remarquer nos sources qui expliquent que «les juges doivent renverser la vapeur en mettant l’appareil judiciaire au diapason de la Loi fondamentale et en réhabilitant le droit dont ils sont les défenseurs».
La confusion totale qui règne dans le secteur de la justice ne permet pas de connaître l’issue du bras de fer qui oppose les magistrats au ministre Belkacem Zeghmati, qui jouit de la protection du chef d’état-major de l’armée. Le Syndicat avait avancé le chiffre de 98% de taux de suivi de la grève à laquelle il a appelé mais, comme il fallait s’y attendre, le pouvoir a entamé l’opération de remplacement des juges grévistes immédiatement pour éviter que soit perturbée la présidentielle du 12 décembre à laquelle Gaïd-Salah tient mordicus, quitte à aller à la confrontation avec le peuple qui la rejette.
Qu’adviendra-t-il de ces magistrats ? Seront-ils en mesure de lancer une contre-offensive pour sauver l’appareil judiciaire désagrégé par les résidus du système Bouteflika à l’instar de toutes les autres institutions civiles et militaires ?
N. D.
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