Colère après la condamnation des détenus d’opinion par le tribunal de Sidi M’hamed
Par Mounir S. – De vives réactions de colère, de dénonciation et de consternation ont été enregistrées après l’annonce par le tribunal de Sidi M’hamed du verdict condamnant les porteurs de l’emblème amazigh à un an de prix dont six mois fermes. Des avocats, des défenseurs des droits de l’Homme, des militants et des citoyens sans appartenance politique ni idéologique ont exprimé leur réprobation de ce verdict qu’ils qualifient d’«injuste» et d’«injustifié».
Sur les réseaux sociaux, les expressions de mécontentement fusent. «C’est honteux ! Condamner quelqu’un pour un fait qui ne constitue pas du point de vue de la loi un délit est une violation des droits du citoyen protégés par la Constitution», lance un internaute qui promet de brandir le drapeau amazigh lors de la prochaine marche de vendredi à Alger. «Il y a deux justices en Algérie. Il y a celle du tribunal de Sidi M’hamed et celle du reste du pays. Toutes les personnes arrêtées pour le port du drapeau amazigh à travers le pays ont été jugées et acquittées. A Sidi M’hamed, non seulement ils ont été mis en détention pendant plusieurs mois, mais ils ont également été condamnés», s’insurge un autre. De nombreux commentaires sur les réseaux sociaux ont condamné cette décision du tribunal de Sidi M’hamed.
Les avocats, quant à eux, ont dénoncé cette condamnation, soulignant encore une fois que porter un étendard ou un emblème autre que le drapeau national n’est nullement puni par la loi. Mieux, ils ont donné la preuve que ces citoyens arrêtés, dans la plupart des cas, portaient également le drapeau national. «Nous sommes très déçus. Le verdict a été très lourd pour des dossiers vides. Nous avions plaidé la relaxe et la libération de ces détenus. On était très optimistes surtout qu’ils avaient décidé de les juger tous ensemble. Mais voilà, le verdict est tombé comme un couperet. Des jeunes ont été condamnés pour rien, c’est très malheureux. Il y a beaucoup de colère, le combat continue. Ils ne feront pas ce qu’ils veulent. Plus ils nous répriment, plus nous sommes déterminés», a affirmé l’avocate Aouicha Bekhti.
Le député démissionnaire de Béjaïa, Khaled Tazaghart, a lui aussi exprimé sa grande colère et son indignation après ce verdict qu’il qualifie d’«inacceptable». «Des gens ont été condamnés pour avoir brandi l’emblème amazigh, symbole de leur identité. Cette terre est irriguée par le sang de nos ancêtres. C’est notre terre. Où voulez-vous qu’on vive ?», s’est-il interrogé.
Il est à préciser que le verdict a été prononcé à 2h30. Le juge du tribunal de Sidi M’hamed a renvoyé quatre dossiers sur les dix programmés au 18 novembre. Il s’agit, entre autres, du dossier des vendeurs de pin’s, qui concerne quatre détenus, à savoir Akram Ghimouz, Abdelkader Toufik Bacha, Kheiredine Benzine, Fazil Dechicha et six autres placés sous contrôle judiciaire. Il y aussi le dossier de Saradouni Lyes et Ammad Djilali, celui des Derouiche Alaa, Agouazi Mohamed, Azoug Arezki, Batlis Bakir et Bareche Hafid ainsi que celui de l’étudiante Dahmani Nour El-Houda Yasmine et de Belaïfa Fatiha, mises sous contrôle judiciaire. Les avocats ont demandé la liberté provisoire pour Dahmani Nour El-Houda en attendant procès. La demande a été rejetée.
M. S.
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