Gaïd-Salah ressort de vieux discours comminatoires pour faire peur au peuple
Par Mohamed K. – Dans une curieuse sélection d’anciens messages, rediffusée jeudi par la Télévision nationale, le chef d’état-major de l’armée, Gaïd-Salah, a affirmé avoir sévèrement mis en garde les «unités combattantes» contre tout dérapage face au peuple et contre tout usage de la violence contre les manifestants.
Diffusées à quelques jours du coup d’envoi officiel de la campagne électorale, ces mises en garde, qui ont valeur d’instruction à l’ensemble des forces de sécurité, trahissent une extrême fragilité de la position actuelle du pouvoir, qui a décidé de faire un passage en force mais sans vouloir en assumer toutefois les conséquences.
Cette crainte de voir les membres des forces de sécurité intervenir ou faire usage de violence maintenant contre les manifestants dénote une reconnaissance de l’ampleur des manifestations antirégime et anti-élections qui peuvent, par conséquent, empêcher le déroulement du scrutin ou le disqualifier politiquement.
Qu’est-ce qui pousse le véritable maître du pouvoir à avouer tout d’un coup aujourd’hui, après de longs mois passés à louer l’attitude pacifiste des forces de sécurité pendant les manifestations populaires, que des affrontements violents entre les forces de sécurité, et notamment l’armée, et la population ne sont pas à écarter et que les risques sont tellement gros qu’il fallait répéter les mises en garde aux hommes de troupes ?
Du coup, le commandement de l’armée se trouve devant un vrai dilemme : assurer la sécurité durant toutes les étapes du processus électoral, dans des proportions que nous ne connaissons pas encore, et éviter la confrontation directe avec une population très mobilisée pour faire échec à cette élection qu’elle considère comme l’ultime tentative du système tant honni pour se maintenir.
M. K.
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