La véritable raison de l’emprisonnement du général Toufik par Ahmed Gaïd-Salah
Par Abdelkader S. – L’ancien patron du DRS a eu beau expliquer aux «juges» militaires qui ne l’écoutaient pas qu’il n’y a jamais eu de complot contre l’armée, ni contre l’Etat, rien n’y fit. Le général Toufik, incarcéré sur ordre du chef d’état-major de l’armée à la prison militaire de Blida, s’était employé, lors d’une parodie de procès, à récuser toutes les accusations qui lui ont été accolées, bien qu’il fût convaincu que le verdict était déjà prononcé.
Ainsi, on apprend, selon un nouveau témoignage rapporté par nos confrères d’Algeriepart, que le général Toufik a demandé à Saïd Bouteflika, qu’il avait rencontré dans un lieu «qui n’a rien de secret», d’informer le vice-ministre de la Défense de cette réunion qui visait à trouver une solution à l’impasse politique dans laquelle se trouvait le pays. Selon l’ancien patron des services de renseignements – qui affirme avoir refusé que son successeur, le général Bachir Tartag, lui aussi en prison, prenne part à la rencontre –, l’option du cinquième mandat n’était pas à l’ordre du jour une année avant l’échéance du 18 avril 2019. Mais, a expliqué le général Toufik, la présidence de la République a tourné casaque et le président Bouteflika allait, dès lors, se présenter à sa propre succession. Le général Toufik n’a pas expliqué les raisons de ce revirement, mais il n’est pas malaisé de comprendre que c’est sur instigation et insistance du chef d’état-major de l’armée que l’ancien président Bouteflika et son influent frère ont dû se hasarder sur cette voie qui a conduit à la crise politique profonde actuelle et dont l’issue est incertaine à bien des égards.
L’ancien patron du DRS a retracé les événements qui ont précédé la démission forcée de Bouteflika et le coup d’Etat, déguisé, opéré par Gaïd-Salah et un aréopage de généraux qui ont pris les commandes du pays de façon illégale. Il a évoqué sa rencontre avec l’ancien président Liamine Zeroual dont il a cité le nom parmi trois personnalités qu’il avait proposées pour diriger une période de transition, à savoir Ali Benflis et Ahmed Benbitour. Et c’est sans doute cette initiative qui a provoqué la rage du présomptueux Gaïd-Salah qui aurait, ainsi, été écarté du centre de décision politique.
On comprend mieux comment Gaïd-Salah a jeté le général Toufik en prison pour avoir essayé d’épargner au pays la situation désastreuse dans laquelle l’ont mis le système Bouteflika et ses résidus actuels. On comprend aussi pourquoi le même Gaïd-Salah a ordonné aux «juges» de Blida de condamner le général à la retraite Khaled Nezzar à vingt ans de réclusion pour avoir siroté un café en compagnie de Saïd Bouteflika, contre Farid Benhamdine pour le leur avoir offert gracieusement chez lui et contre Lotfi Nezzar pour avoir informé son père que le frère du Président le demandait au téléphone.
Pathétique !
A. S.
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