L’officier instructeur algérien du leader sud-africain Nelson Mandela témoigne

ANC Mandela
Nelson Mandela. D. R.

Par Kamel M. – La chaîne française TV5 a consacré un sujet au dirigeant de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud Nelson Mandela, à l’occasion du sixième anniversaire de sa disparition. Le journaliste Slimane Zeghidour a interviewé l’officier de l’ALN qui avait été chargé par le commandement de l’Armée de libération nationale de l’instruction de celui qui allait devenir le symbole de la lutte pour les causes justes dans le monde.

Noureddine Djoudi a apporté son précieux témoignage sur le passage de Nelson Mandela dans les rangs de l’ALN. «C’était la première fois qu’il tirait, d’ailleurs avec succès parce qu’il a touché la cible», raconte cet ancien officier instructeur. «Je l’ai emmené en zone opérationnelle où il a pu voir non seulement des champs de mines, les lignes Challe et Morice et les fortins français, mais il a pu voir également les bombardements, c’étaient des tirs d’artillerie pendant la journée. Evidemment, j’ai veillé à ce qu’il soit loin des points d’impact», a confié Noureddine Djoudi.

«Nelson Mandela estimait que le meilleur modèle – peut-être –, c’était celui de l’Algérie dès lors que l’Armée de libération nationale algérienne avait mené un combat de huit ans contre une des plus grandes puissances militaires occidentales, membre de l’Otan, et il voulait s’en inspirer quelque peu pour voir comment structurer son armée dont il avait été nommé commandant en chef», a ajouté Noureddine Djoudi, en expliquant que «le point final de la visite, c’était de l’emmener dans le camp d’instruction et, dans ce camp, pour la première fois, nous lui avons appris à manier des armes de guerre. Evidemment, comme il passait peu de temps avec nous, son instruction militaire a été limitée à apprendre l’usage des armes de guerre, les types de mines, leur impact sur les combattants, etc. Ce n’était pas une formation en profondeur à proprement parler, mais une instruction générale que le futur dirigeant d’une armée se doit de connaître, une formation de base».

Noureddine Djoudi poursuit : «Nous ne pouvions pas imaginer, à l’époque, que Nelson Mandela deviendrait une icône de cette dimension mais, déjà, il donnait l’impression d’être quelqu’un qui était capable de mener, capable de diriger aussi bien politiquement que, peut-être, sur le plan de l’action.» Pour les Algériens, il ne s’agissait pas d’accorder une aide à Nelson Mandela : «Votre combat est le nôtre», lui avaient assuré les dirigeants algériens à l’époque.

«Nelson Mandela était hébergé dans une ferme d’orangers qui appartenait à un citoyen algérien et qui servait comme lieu de passage à des combattants. C’était pour assurer sa sécurité. Il n’était pas question qu’on sache qu’il nous avait contactés, pour une raison très simple, c’est que nous savions que depuis qu’il avait quitté l’Afrique du Sud, il était pisté par les services secrets africains et que j’avais reçu des instructions très strictes me disant de faire très attention à ce que son identité ne fût pas révélée», a encore dit l’officier instructeur au sein de la Wilaya V historique.

Noureddine Djoudi a, enfin, raconté cette anecdote fort symbolique : «Nous avions organisé une parade dans une base arrière qui s’appelait la base Ben M’hidi. Il y avait un officier très compétent qui répondait au nom de Soudani et qui avait dirigé des opérations sur lesquelles je ne peux pas parler maintenant. Et Mandela [constatant qu’il avait un teint africain] s’est exclamé en disant : voilà, nous sommes dans un pays où un Noir dirige des Blancs et où on ne fait pas de distinction entre les Noirs et les Blancs. C’est le Noir qui est l’officier et ce sont les Blancs qui suivent !»

«La leçon que je tire du passage de Nelson Mandela en Algérie, a conclu Noureddine Djoudi, c’est que, finalement, nous avons vu juste, nous avons compris en voyant cet homme que c’était peut-être l’homme de l’avenir, parce que c’est un homme qui est passé du stade de la non-violence prônée par Gandhi à celle de l’obligation de lutte mais qui, venu au pouvoir, a su dire surtout pas de ségrégation ethnique ou raciale et que cette nation arc-en-ciel (l’Afrique du Sud, ndlr) devait avoir comme composante aussi bien les Noirs que les Blancs et les Asiatiques.»

L’ancien officier instructeur n’a pas caché sa «satisfaction d’avoir contribué un tout petit peu à cette page de l’histoire».

K. M.

Comment (23)

    Amazighkan
    8 décembre 2019 - 20 h 17 min

    Mandela mérite qu’on baptise des rues ou même des boulevards en son nom. Ce fût un immense homme de la trempe de Ghandi.

    lhadi
    8 décembre 2019 - 17 h 53 min

    Conversation avec moi-même – Nelson Mandela –

    Page 105 – 8. Extrait du carnet de 1962. A propos de son entrainement au Maroc avec le Front de Libération Nationale.

    « Maroc -18/3 – Robert Resha et moi quittons (Rabat) pour la petite ville d’Oujda, à la frontière, QG du FLN (Front de Libération Nationale) au Maroc. Nous partons en train et arrivons là-bas à 8 heures du matin le 19/3.

    Page 106 – Un officier vient nous chercher à la gare et nous conduit au QG. Nous sommes reçus par Abdelhamid (Brahimi), le chef de la section politique du FLN.

    Il y a également Si Jamal, Abderrahman, Larbi, Nourredine Djoudi. S’ensuit une discussion générale sur la situation en Afrique du Sud, des questions pertinentes nous sont posées. La discussion est ensuite ajournée afin de nous permettre de découvrir les camps d’entrainement et les lignes de front.

    A 16 heures, accompagnés par Djoudi et un autre officier, nous roulons jusqu’à la base d’entrainement de Segangan située dans ce qui s’appelait le protectorat espagnol du Maroc. Nous y arrivons à 18 heures et le commandant du camp, Si Jamal, vient nous acceuillir Il nous montre le musée de l’armée contenant une intéressante collection d’armement du FLN, en commençant par les fusils utilisés durant la révolte du 1er novembre 1954, jusqu’aux équipements les plus récents.

    Après le diner, nous allons au théâtre des soldats écouter de la musique et voir de courtes comédies. Les deux comédies carburent à la propagande contre la domination française en Algérie. Après le spectacle, nous retournons dans nos quartiers pour dormir.

    Après avoir visité les imprimeries du FLN et le centre de transmission, nous nous rendons à Boubeker en compagnie de deux officiers. Nous visitons d’abord le QG du bataillon de la division nord. Il occupe une bonne position dans la région la plus stratégique et il est bien gardé. Notre déjeuner sur place se compose de viande de lapin et de pain frais.

    Page 107 – Ensuite, nous allons jusqu’au QG d’un bataillon situé pile à la frontière Algérienne. Nous voyons des abris et nous y entrons. Autour du camp, il y a beaucoup de réfugiés dont le dénuement est très émouvant. Plus tard, nous retournons à Oujda pour une discussion.

    Celle-ci commence à 18h30 et nous devons repartir à Rabat à 21h45. Finalement, à 21h30, la décision est prise de repartir le lendemain en voiture pour Rabat, car nous avons abordé que le quart des sujets. »

    Fraternellement lhadi
    ([email protected]

    Le Berbère
    7 décembre 2019 - 18 h 27 min

    Il n’aurait dû jamais venir en Algérie pour faire ces armes auprès de FLN..Nelson Mandela est un grand leader certes ,mais il l’a laissé derrière lui un parti politique semblable à celui de FLN . l’ANC sud africain et le FLN algérien sont des frères jumeau en terme de corruption généralisé, de régionalisme et de la lapidation de l’argent public dans les deux pays respectifs .

      Le Naïf
      8 décembre 2019 - 9 h 07 min

      Que dire des démocrates les Clinton, les Sarkozy, les Hollande, sans parler de l’UE et pour ne citer que ceux-là pas de corruption surtout pas bien sûr !!

        Anonyme
        8 décembre 2019 - 10 h 27 min

        Evidemment que la corruption existe partout, elle est humainement répartie sur toute la terre depuis des millénaires, en Europe, en Asie , en Amérique mais surtout en Afrique.

        Ce n’est pas pour cette raison que tu dois faire abstraction de ce qui s’est passé en Algérie pendant 57 années et surtout de ces 20 dernières années où la corruption a pris des proportions considérables.

        En tous les cas chez Clinton et chez le Nain, ils ont une justice qui fonctionne et qui règle cette délinquance par des condamnations sans que le peuple soit obligé de manifester dans la rue.

        Maintenant, cette attitude d’attirer constamment l’attention sur d « autres » que nos incapables et malhonnêtes gouvernants, révèle, de ta part, une personne qui n’est pas concernée par l’avenir de ce pays et qui n’a aucune attache patriotique et démocratique avec celui-ci.

        Tu regardes ailleurs alors que le vrai problème est juste devant toi. Aurais-tu peur de l’affronter ou peut-être serais-tu concernée par une quelconque enquête?

        A cause de ce comportement malhonnête de dirigeants véreux, l’Afrique du Sud comme nous, se retrouvent avec des problèmes économiques et sociaux au détriment des populations respectives. Et c’est ça qu’il faut révéler. Le Berbère l’a écrit et c’est bien.

    Anonyme
    7 décembre 2019 - 17 h 54 min

    Quelques dates, des noms desquels mr Djoydi avait reçu l’ordre de prendre en charge Madiba, des lieux précis où ils a séjourné auraient été d’une grande utilité pour chacun. C’est notre histoire nous avons le devoir de la connaître, ses bons et ses moins bons épisodes. Aussi, le fait de ne pas révéler le type d’ « operations » dans la base qu’il cite me laisse dubitatif…60ans après. Si c’est des hauts fait d’armes pourquoi ne pas le dire qu’on en soi fièrs pardi !

      lhadi
      8 décembre 2019 - 9 h 57 min

      La réponse à votre questionnement se trouve dans  » conversations avec moi-même » – Nelson Mandela (préface de Barack Obama).

      La révolution algérienne était un chef d’oeuvre qui l’inspira pour élaborer ses propres tactiques – (page 104 – 112).

      Fraternellement lhadi
      ([email protected])

    Blakel
    7 décembre 2019 - 16 h 18 min

    « ….venu au pouvoir, a su dire surtout pas de ségrégation ethnique ou raciale et que cette nation arc-en-ciel (l’Afrique du Sud, ndlr) devait avoir comme composante aussi bien les Noirs que les Blancs et les Asiatiques.»
    Tandis que chez nous cela a été le contraire, le pouvoir a non seulement tenté de décourager la fraction des pieds noirs qui avaient décidé de rester malgré les menaces de l’OAS, mais en plus il a voulu créer une Algérie uniforme uni-culturelle, uni-cultuelle, uni-linguistique, monolithique pour en faire un clone des pays du moyen-orient, et favoriser le monopole politique du pseudo FLN d’Oujda, couverture politique de l’armée des frontières.

    Anonyme Utile
    7 décembre 2019 - 16 h 09 min

    En lisant votre témoignage Monsieur Noureddine DJOUDI, une immense fieté m’a envahi. Je suis tellement ému aux larmes, que je ne trouve plus mes mots. Vous êtes notre HISTOIRE, la véritable et authentique. Que dieu vous garde et vous bénisse. Longue vie et bonne sante Monsieur Noureddine DJOUDI. MERCI.

      Anonyme
      7 décembre 2019 - 19 h 44 min

      Il y en a des brosses(CHITAS) tous calibres dans les marchés aux puces, à commencer par des brosses à dents(SOFT) jusqu’à celles des BBQ(en acier pour enlever les résidus tenaces) à toi de choisir et c’est bon marché de surcroit.

        Anonyme Utile
        8 décembre 2019 - 6 h 08 min

        @ anonyme 7 décembre 2019 – 19 h 44 min

        Mandella et l’ANC ont toujours soutenu les causes justes comme celle du peuple Sahraoui frère. Tous ceux qui ont contribué à faire de Mandella, le très grand homme de ce siècle, comme Mr DJOUDI, notamment, forcent mon respect et celui de tous les hommes libres dans le monde et qui se comptent par millions.

        On voit bien, que tu es là en service commandé. Et la réaction d’un zouaf plumitif de ses maîtres du régime illégitime en place, comme toi, ne m’atteindra jamais. L’action psychologique que tes maîtres t’ont ordonné d’utiliser, pour attaquer mon commentaire ainsi que tous mes commentaires, qui les dérangent au plus haut point, n’a aucun effet, même sur les enfants. Je ne m’abaisserais jamais à ton niveau, car tu es un déshonneur.

    Elephant Man
    7 décembre 2019 - 12 h 40 min

    Madiba, paix à son âme, a déclaré « L’Algérie est mon pays ».
    La dignité humaine ce n’est pas donné à tout le monde et certainement pas aux esclaves consentants …

      Anonyme
      7 décembre 2019 - 21 h 41 min

      Heureusement que Madiba n’a pas connu l’Algérie de ton Gaid. Il aurait dit autre chose…

    CHAOUI-BAHBOUH
    7 décembre 2019 - 11 h 11 min

    J’ai eu la chance de voir et d’approcher Les regrettés MANDELA ET STEVE BIKO, à la Caserne des CHAMPS DE MANŒUVRES à Alger 1963-64, toujours souriant et très sympathiques, leur patience, le Football et l’Amour pour l’Algérie, qu’ils reposent en Paix !

      Anonyme
      7 décembre 2019 - 19 h 02 min

      Dans ce cas pourquoi le Comité Européen qui n’a ni pouvoir législatif, ni exécutif, ni judiciaire pour un simple « soutien » au peuple Algérien (aussi noble cause) vous le considérez comme une « ingérence » ?
      « Li hram 3alik hlal 3aliya » !!!

    Soldat
    7 décembre 2019 - 10 h 28 min

    Toutes une Révolution pour rien des millions de morts et de traumatisés à vie, pour donner le pouvoir aux collabos de l’occupant

    Zaatar
    7 décembre 2019 - 9 h 50 min

    Comment ne pas avoir de l’admiration et du respect à ce grand homme que fut Nelson Mandela? C’est ce genre de personnage qui nous aura manqué en Algerie durant les dernières décennies.

      Zaatar
      7 décembre 2019 - 17 h 01 min

      Bien sûr il y en a 8 qui ne voit pas en Mandela un grand homme, juste parce que c’est moi qui le dit….ça fait plaisir quand même.

        Elephant Man
        8 décembre 2019 - 8 h 51 min

        @Zaatar
        J’en ai 35 pouces vers le bas c’est dire ????
        Rien que sur ce post…
        Les trolls franchouillards sionistes et cie sont de sortie as USUAL SUSPECTS.

          Anonyme
          8 décembre 2019 - 10 h 52 min

          Tes commentaires n’ont rien à voir avec ceux de Zaatar, lesquels ont du sens, une logique, des arguments intelligents, une certaine honnêteté intellectuelle, des convictions et qui apportent une réflexion et des éléments d’analyse et de synthèse sur les sujets qu’il traite. Des sujets au demeurant qui nous concernent au premier chef: la situation actuelle de notre pays.
          Maintenant, souvent dans la confrontation d’opinions via internet comme autour d’un kawa au café Bachir on n’est pas toujours d’accord entre nous. Et parfois celui qui a raison est critiqué. Je ne suis pas toujours du même avis que Zaatar .

          Azul
          8 décembre 2019 - 12 h 01 min

          t’inquiètes pas t’en aras plusieurs

          Anonyme
          8 décembre 2019 - 13 h 49 min

          @Elephant Man les pouces vers le bas sont systématiques en ce qui te concerne. Pour ceux qui ont du mal à comprendre, je leur demande s’il seraient prêts à mettre un pouce vers le haut pour des messages venant de néo-nazis ou d’islamistes radicaux à fortiori
          s’ils proviennent de trolls payés pour ça. C’est ma manière de lutter contrer la désinformation de ceux qu’on cherche à chasser

          Zaatar
          8 décembre 2019 - 19 h 08 min

          Merci pour ta franchise et ton honnêteté l’ami anonyme. Je me chamaillerai volontiers avec toi sur n’importe quel sujet sur lequel on n’est d’accord, car je sais que le débat sera sain et honnête et ça ne sera qu’une question d’argumentation. Je te remercie encore une fois.

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