Quand le pouvoir esquive l’accusation de corruption proférée par Mike Pompeo
Par Kamel M. – Etrange attitude du pouvoir qui a esquivé la gravissime accusation de corruption qui accable le gouvernement algérien proférée par le secrétaire d’Etat américain à partir de Bruxelles, il y a plusieurs semaines. Mike Pompeo avait, dans la guerre que son pays livre au géant Huawei, affirmé que cette firme chinoise est suspectée de corruption dans trois pays, dont l’Algérie.
Le pouvoir, qui a réagi au quart de tour au traitement réservé par le Parlement européen à la crise algérienne, ruant sur les brancards et criant à l’ingérence «condamnable» et «inacceptable» dans les affaires intérieures du pays, se mure dans un silence douteux face à cette charge directe de la première puissance mondiale. Pire qu’une ingérence, c’est une assertion à caractère incriminatoire que le chef de la diplomatie américaine a faite à l’encontre de notre pays. Pourtant, à Alger, personne n’a pipé un mot suite à cette attaque frontale de Washington.
Pourquoi ce silence d’abord des autorités algériennes, ensuite de la justice qui obtient ainsi une nouvelle confirmation que le dossier des télécommunications doit être instruit au vu du nombre incalculable de sources qui pointent le secteur dirigé par Houda-Imane Ferouan, qui a survécu à au moins trois Premiers ministres et qui continue de sévir sans être aucunement inquiétée, à tel point, d’ailleurs, que beaucoup se demandent si elle ne serait pas reconduite dans la prochaine équipe gouvernementale.
Début décembre, le secrétaire d’Etat américain avait cité l’Algérie dans un message adressé aux ministres des Télécommunications réunis à Bruxelles. «Huawei est accusé de corruption dans des pays comme l’Algérie, la Belgique et le Sierra Leone», avait affirmé Mike Pompeo dans son réquisitoire contre le géant chinois des télécommunications. La déclaration du secrétaire d’Etat américain confirmait que le dossier Huawei en Algérie, dans lequel sont impliqués Houda-Imane Feraoun, de hauts responsables et des hommes d’affaires proches des cercles du pouvoir, est suivi à la loupe par l’ambassade des Etats-Unis à Alger et les services du renseignement américains.
En octobre dernier, un lanceur d’alerte algérien, membre d’une organisation indépendante de lutte contre le crime économique, affirmait que pas moins de cinquante plaintes avaient été déposées auprès de la justice algérienne contre Houda-Imane Feraoun et ses proches collaborateurs mais que celle-ci, au lieu d’instruire les dossiers en sa possession qu’elle a complètement ignorés, a, au contraire, adressé une convocation à l’auteur des plaintes en question pour «diffamation».
K. M.
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