Les médias pro-pouvoir préparent l’opinion au retour de Bensalah au Sénat
Par Abdelkader S. – Après avoir accompli sa mission à El-Mouradia où il a tenu le siège du Président jusqu’à sa désignation par «voie légale», Abdelkader Bensalah, qui semble se remettre de sa maladie, se préparerait donc à retourner au Conseil de la nation où il reprendrait son poste ad vitam æternam. Selon les médias inféodés au pouvoir, les sénateurs «attendent avec impatience» le retour au bercail du désormais ex-chef de l’Etat intérimaire. Rien que ça.
Des observateurs ont fait remarquer qu’une des spécificités du régime algérien et de ses soutiens leur propension à voir dans la présence éternelle des mêmes personnes à la tête des institutions. Il en était ainsi de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika qui, n’eût été sa maladie handicapante qui le rendait impotent, allait mourir sur le trône avec l’aide et le soutien indéfectible de l’actuel chef d’état-major de l’armée, qui l’a assuré de sa fidélité depuis 2004 et plus encore après son hospitalisation à l’hôpital militaire français du Val-de-Grâce, en 2013, où il s’était déplacé pour le réconforter quant à sa loyauté face à ceux qui, à l’époque déjà, voulaient faire appliquer l’équivalent de l’article 102 qu’il fera prévaloir lui-même six ans plus tard pour sauver le système.
Appelé à gérer la période de transition après la démission forcée de l’invalide Abdelaziz Bouteflika, l’octogénaire Abdelkader Bensalah a été remplacé au Sénat par le nonagénaire Salah Goudjil, les deux escortés par le plus vieux chef d’état-major au monde.
Après dix mois de manifestations pacifiques réclamant le changement de régime, les Algériens se réveillent sur la même composition à la tête du pays et de son armée. Le septuagénaire ancien ministre de l’Habitat de Bouteflika est entré par effraction à El-Mouradia, tandis que l’institution militaire continue d’être commandée par des généraux qui ont allègrement dépassé l’âge de la retraite. Si Abdelkader Bensalah retournait effectivement au Conseil de la nation, ce qui n’est pas du tout exclu, l’Algérie reviendrait alors à la case départ et il pourrait, si un imprévu quelconque venait à empêcher Abdelmadjid Tebboune d’assumer la fonction suprême, se retrouver à assurer à nouveau l’intérim.
En somme, l’Algérie tourne en rond.
A. S.
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