Menaces de guerre : l’Algérie va-t-elle être entraînée dans le bourbier libyen ?
Par Nabil D. – La Turquie envisage d’envoyer des troupes en Libye pour contrer l’offensive de l’homme-lige des Emirats arabes unis, Khalifa Haftar, sur la capitale Tripoli. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, vient d’effectuer une visite-éclair en Tunisie où il s’est entretenu avec le Président tunisien nouvellement élu. Un Président proche des Frères musulmans donc d’Ankara. Sur quoi les deux hommes ont-ils discuté ? L’intervention militaire turque en Libye est-elle imminente ? Les troupes turques vont-elles passer par la Tunisie ?
La réunion du Haut Conseil de sécurité (HCS) sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune semble répondre à ce besoin pressant de faire face à une nouvelle menace qui pèse sur le pays suite aux développements inquiétants qui ont cours chez nos voisins du Sud-Est. Il n’y a pas de doute que le conflit inter-libyen a été aggravé par la crise politique interne algérienne qui a éloigné l’Algérie, acteur majeur dans les efforts de règlement de cette guerre fratricide, de la scène internationale depuis près d’une année.
On se souvient que les deux anciens ministres des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel, avaient pesé de tout leur poids pour éviter que le conflit libyen soit récupéré par des puissances étrangères, occidentales et arabes, qui lorgnent les richesses de ce vaste Etat gazier riche et peu peuplé. Alger avait abrité plusieurs rounds de discussions et avait réussi à faire s’asseoir l’ensemble des belligérants autour d’une même table de négociations, nonobstant les nombreuses tentatives de faire échouer ces réunions par l’organisation de rencontres parallèles aux fins de perturber le processus de paix, entamé et parrainé par l’Algérie.
Depuis le retrait de notre pays de ce dossier qui impacte directement sa sécurité intérieure – l’attaque terroriste de Tiguentourine a été planifiée et exécutée à partir du territoire libyen –, les affrontements ont repris de plus belle entre le gouvernement de Tripoli, dirigé par Fayez Al-Sarraj, appuyé par Ankara, et les forces armées de Khalifa Haftar, armé et financé par Abu Dhabi. Si la Turquie mettait à exécution sa décision d’envoyer son armée en Libye, il n’y a pas de doute que les Emirats arabes unis feront de même, les deux pays étant déjà engagés militairement en Syrie et au Yémen.
Face à cette escalade dangereuse, l’armée algérienne aura à affronter la menace sans doute la plus grave depuis la guerre des Sables en 1963 et le terrorisme islamiste dans les années 1990. D’où l’empressement du nouveau Président à convoquer une réunion urgente du HCS dès sa prise de fonction.
N. D.
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