Adulation du dictateur par une catégorie d’Algériens : un psychanalyste explique
Par Mohamed K. – «La propagande est comme l’hypnose, les sujets vulnérables font ce que l’hypnotiseur leur demande de faire et ils s’exécutent machinalement», explique un psychanalyste auquel nous avons soumis les images de l’enterrement du dictateur Gaïd-Salah. «Les chaînes de propagande ont infiltré les foyers depuis dix ans et conditionné une partie de l’opinion par le fait divers, le surnaturel, la délation et le divertissement orienté», précise notre source.
Pour ce scientifique, «il n’est nullement besoin de sortir de Harvard ni d’Oxford pour réussir le tour de passe-passe réalisé ce mercredi. Il s’agit ni plus ni moins que d’une saturation médiatique qui répond à la logique d’un certain Goebbels selon laquelle plus le mensonge est gros, mieux il passe». «La machine de propagande du pouvoir s’est tout simplement appuyée sur cette approche à travers ses chaînes de télévision dominantes et les réseaux sociaux qu’elle a noyés avec les trolls», ajoute le psychanalyste qui fait cette effarante observation : «Plus les gens regardent les chaînes de télévision algériennes actuelles, plus leur quotient intellectuel baisse.» Il en veut pour preuve le bruit fait autour de l’assassinat d’un charlatan à Relizane qui a joué un rôle prépondérant dans cette opération de manipulation mentale de nombreux téléspectateurs crédules et superstitieux – on a vu le nombre impressionnant de gens qui ont assisté à son enterrement.
Le psychanalyste indique que ce phénomène n’a rien de nouveau. «Cela s’appelle dans le jargon psychanalytique la servitude volontaire, et de nombreux scientifiques ont abordé ce sujet dans leurs recherches», fait remarquer notre source, qui cite une étude de Gilbert Diatkine. «Dans une de ses analyses publiées dans la Revue française de la psychanalyse, cet éminent professeur évoque cette question de la servitude volontaire qui pousse les peuples à se soumettre aux tyrans, alors que ces derniers sont seuls, et qu’ils ne pourraient rien contre tout un peuple uni contre eux.» Il explique que la servitude volontaire «est toujours mêlée de servitude involontaire, imposée par le pouvoir du tyran, et souvent par la terreur» et que celle-ci existe rarement à l’état isolé.
Notre source appuie son argumentaire par des exemples cités par le psychanalyste français qui déduit dans son étude qu’«il est difficile de faire la part de la sincérité et de l’obéissance servile dans les flots de larmes que les Nord-Coréens ont répandus à la mort de Kim Jong-il. Rétrospectivement, certains Russes se souviennent d’avoir ressenti de la tristesse à la mort de Staline, tout en ayant été bien conscients de la terreur qu’il leur infligeait».
M. K.
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