45e vendredi de marche : la mobilisation se poursuit pour en finir avec le système en place
Par Mounir Serraï – Les Algériens n’ont pas manqué le rendez-vous du 45e vendredi en sortant massivement manifester dans les rues de la capitale. Dès le début de l’après-midi, des dizaines, voire des centaines de milliers de manifestants ont arpenté les différentes rues du centre d’Alger pour réitérer leur soif d’un changement profond et radical qui balisera le terrain pour l’avènement d’une nouvelle République démocratique. Des milliers de gens sont venus de Bab El-Oued jusqu’à la Grande Poste, munis de banderoles et de pancartes frappées à l’effigie des détenus d’opinion. En première ligne de leur marche, la photo du martyr Abane Ramdane, assassiné par ses pairs le 27 décembre 1957 au Maroc. Un vibrant hommage lui a été rendu, à l’initiative du mouvement Algérie Libre et démocratique (ALD).
Les manifestants ont vivement scandé le slogan «Dawla madania machi askaria (Etat civil et non militaire», principe cher au défunt Abane Ramdane, qui avait préparé les bases de l’Algérie postindépendance, une Algérie démocratique et populaire. Un principe figurant dans la plateforme du Congrès de la Soummam et qui a été totalement ignoré après l’indépendance. Les manifestants ont donc saisi l’anniversaire de l’assassinat de Abane Ramdane, qui a, par pur hasard, coïncidé avec la marche du vendredi. La mobilisation était telle que la procession de foules a couvert la rue Didouche-Mourad. Aussi la mythique Place Audin est noire de monde ainsi que la Grande Poste.
Les manifestants ont à nouveau réclamé la libération de l’ensemble des détenus d’opinion. Des pancartes et des photos de certaines figures du Hirak, qui se trouvent en prison à El-Harrach, ont été également exhibées durant cette marche par laquelle les Algérois affichent leur détermination à aller jusqu’au bout de leur action pacifique, afin de ramener le pays vers un véritable processus de démocratisation. «Ahna oulad Amirouche, lelour man wellouch (nous sommes les enfants d’Amirouche (colonel tué par l’armée française durant la Guerre de libération nationale), nous ne reculons devant rien)».
Les manifestants ne comptent donc pas cesser leurs revendications. Bien au contraire. Ils dénoncent un «Président illégitime» et refusent de dialoguer avec le pouvoir.
M. S.
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