Ce que le nouveau Premier ministre disait du Hirak et du régime en avril 2019
Par Karim B. – Le nouveau Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a appelé à l’application des articles 7 et 8 de la Constitution dès le début du Mouvement de contestation populaire en février dernier. Deux mois après le début du Hirak, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République sous Zeroual pointait le régime qui, avait-il dit, «a traficoté l’article 102 plusieurs fois», estimant que le pouvoir devait «répondre aux revendications légitimes des citoyens, en se soumettant aux articles 7 et 8 qui stipulent que le pouvoir constituant appartient au peuple et que les institutions émanent de lui, et de lui seul».
Abdelaziz Djerad, qui s’exprimait sur les ondes de la Radio Chaîne III, avait ajouté que la crise a commencé après le recours à l’article sur l’empêchement qui a forcé Abdelaziz Bouteflika à démissionner, en qualifiant l’article 102 de «verrou» qui a «bloqué l’évolution logique de la société algérienne et ses revendications». L’ancien conseiller diplomatique au Haut Comité d’Etat (HCE) avait subodoré le dessein qui était caché derrière le recours à cet article, en affirmant qu’il visait à «perpétuer l’ancien régime». Il avait, dès lors, appelé les tenants du pouvoir à «rendre au peuple une réponse sereine», tout en soulignant la situation d’urgence extrême. «Il faut agir rapidement car nous sommes à un tournant délicat de l’histoire», avait-il mis en garde.
«Il y a une rupture de confiance entre le peuple et les symboles du régime et il faut donc éliminer ces symboles», avait confié Abdelaziz Djerad, qui ne voyait pas de problème à ce que les responsables politiques soient remplacés par d’autres «plus crédibles aux yeux du peuple pour, insistait-il, transcender la crise».
L’ancien directeur de l’Ecole nationale d’administration avait estimé que cette exigence du peuple était «légitime» et «raisonnable», tout en notant que «les résidus du régime actuels peuvent être remplacés par des compétences nationales, des intellectuels, des universitaires, des magistrats et des avocats honnêtes et patriotes pouvant aider à dépasser la période difficile que traverse le pays».
C’est donc à un ancien cadre supérieur de l’Etat proche des aspirations du Hirak que le nouveau président de la République a fait appel, dans la perspective d’un dialogue qu’Abdelaziz Djerad devrait conduire dès la composition de son gouvernement dont on espère qu’il sera expurgé des ministres inamovibles et qu’il comptera dans ses rangs des noms respectés par les citoyens, ce qui devrait aboutir à un compromis salvateur pour le pays dans ce contexte marqué par de graves menaces sur sa sécurité et sa stabilité.
K. B.
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