La condition du moudjahid Bouregâa avant sa libération a-t-elle été acceptée ?
Par Mohamed K. – Le moudjahid Lakhdar Bouregâa vient d’être libéré ce jeudi matin, apprend-on. Emprisonné de façon arbitraire par Gaïd-Salah, l’ancien commandant de la Wilaya IV historique est devenu la figure la plus emblématique du Mouvement de contestation populaire en raison de son passé révolutionnaire, de son courage politique et, surtout, de son refus d’être libéré tant que tous les autres détenus d’opinion ne le seraient pas.
Lakhdar Bouregâa a subi une intervention chirurgicale lourde et ses proches avaient été empêchés de lui rendre visite, selon sa fille qui avait lancé un appel à l’opinion publique pour l’aider à faire libérer son père. C’est désormais chose faite. On ne sait pas dans quelles conditions le moudjahid a été remis en liberté, sachant qu’il n’est pas du genre à revenir sur ses engagements. Abdelmadjid Tebboune lui a-t-il donné des garanties sur une prochaine libération de tous les prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles de l’ancien dictateur ?
Une des conditions les plus importantes pour convaincre l’opposition d’adhérer au dialogue auquel le successeur de Bouteflika a appelé et autour de laquelle converge l’ensemble de la classe politique, est la libération immédiate de tous les jeunes manifestants, des militants, des journalistes et des artistes jugés et condamnés pour avoir dénoncé le régime et participé aux manifestations qui se poursuivent depuis plus de dix mois, sans qu’aucune revendication ait été concrétisée. Au contraire, notent des observateurs, le Hirak n’a fait que pérenniser le système qui a réussi son coup de force du 12 décembre et, plus grave, est en train d’être parasité et phagocyté par des cyberactivistes à partir de l’étranger connus pour leurs attaches suspectes.
De nombreux détenus ont retrouvé leur liberté mais après avoir purgé leur peine. Il ne s’agit donc pas d’une grâce ni d’une amnistie qui aurait été décidée par la nouvelle direction politique. Le premier discours du nouveau chef d’état-major de l’armée a même semblé s’inscrire en droite ligne dans la logique de confrontation suivie par son prédécesseur. Mais des sources informées relativisent, en affirmant qu’il est encore trop tôt pour le nouvel homme fort de l’armée de prendre un virage à 180° en si peu de temps et qu’il faudra lui laisser le temps de remettre les pendules à l’heure, et à Abdelmadjid Tebboune et aux personnalités, sinon reconnues du moins respectées par le Hirak, de «déradicaliser» les positions des uns et des autres pour aboutir à une sortie de crise rapide, le pays faisant face à de graves menaces à ses frontières et traversant une crise économique périlleuse.
M. K.
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