Bensalah s’est-il retiré de son propre gré ou a-t-il été écarté par Tebboune ?
Par Nabil D. – Il y a dans la lettre adressée par Abdelkader Bensalah à Abdelmadjid Tebboune comme un non-dit. L’ancien chef de l’Etat intérimaire, en demandant au nouveau Président de l’exempter de la mission de président du Conseil de la nation, a étonné plus d’un au moment où tout le monde s’attendait à ce qu’il reprenne son ancienne fonction à laquelle l’avait désigné Abdelaziz Bouteflika.
La réponse d’Abdelmadjid Tebboune a été prompte. Elle a été annoncée hier par la présidence de la République. Mais on ne sait pas à quand remonte la demande de Bensalah. L’a-t-il faite après le décès de Gaïd-Salah, au lendemain de la présidentielle controversée du 12 décembre ou avant même la tenue de celle-ci ?
Abdelkader Bensalah fait partie de ce que le Mouvement de contestation populaire appelle les «B» au départ desquels il appelle depuis le 22 février dernier, en tant que symboles de l’ancien système. Ce membre influent du Rassemblement national démocratique qui en avait, un moment, pris la direction, après qu’Ahmed Ouyahia eut subi son premier «redressement» au sein du parti, était, avec Noureddine Bedoui, Tayeb Belaïz et Mouad Bouchareb l’une des figures du régime Bouteflika les plus caractéristiques de l’allégeance à l’ancien Président forcé à la démission par le chef d’état-major de l’armée auquel deux des quatre «B» sont demeurés fidèles en l’accompagnant dans son coup de force jusqu’à l’avènement d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir.
Rien, à part sa maladie lourde, n’indiquait qu’Abdelkader Bensalah allait quitter le Conseil de la nation. Pas même son rejet par les millions de manifestants qui battent le pavé depuis plus de dix mois pour réclamer le changement radical du système de gouvernance et le départ de ses symboles. Mais le nouveau locataire du palais d’El-Mouradia ne pouvait pas, cela va de soi, continuer à «traîner ce boulet» tout en s’engageant à mener les réformes qu’il a promises, à commencer par son projet de dialogue avec l’opposition, représentée par les partis traditionnels et des représentants du Hirak.
Par ailleurs, la mort de l’ex-chef d’état-major semble avoir fragilisé Abdelkader Bensalah, qui lui a servi de couverture légale à l’intérieur du pays et diplomatique à l’étranger et avec lequel il formait un binôme jusqu’à sa disparition imprévue qui semble avoir chamboulé bien des calculs.
N. D.
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