Le directeur d’Ennahar TV Mohamed Mokadem interpellé à l’aéroport d’Alger
Par Nabil D. – Nous apprenons de sources informées que le directeur de la chaîne de télévision Ennahar TV et du quotidien arabophone éponyme a été interpellé à l’aéroport d’Alger, à son retour de Dubaï où il effectue de très fréquents déplacements. Anis Rahmani, de son vrai nom Mohamed Mokadem, a été libéré quelques heures plus tard mais s’est vu retirer son passeport. Objet d’une enquête judiciaire, il est donc interdit de quitter le territoire national, ont précisé nos sources.
Mohamed Mokadem a bâti un véritable empire médiatique grâce au soutien du frère de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika dont il a servi les intérêts jusqu’à sa chute, avant de tourner casaque et de mettre ses médias au service de l’ex-chef d’état-major Ahmed Gaïd-Salah, qui avait usurpé le pouvoir jusqu’à sa mort subite.
Après avoir été actionné par ses mentors pour dézinguer le candidat de Gaïd-Salah à la présidentielle du 12 décembre, Anis Rahmani a tenté de se racheter en faisant preuve d’une extrême platitude à l’égard de celui qui, contrairement à ce qu’on lui avait assuré, allait occuper le palais d’El-Mouradia, mais il semble que ses courbettes n’aient pas suffi à sauvegarder son immunité qui l’a protégé jusqu’ici, d’autant qu’il est dans le collimateur d’Abdelmadjid Tebboune depuis 2017, lorsque Saïd Bouteflika l’avait lâché sur lui au plus fort de la première guerre entre le très puissant Ali Haddad et l’éphémère Premier ministre.
Le vent a tourné et le nouveau riche Anis Rahmani devra s’expliquer à son tour sur l’origine de sa fortune acquise, elle aussi, grâce aux indus avantages qui ont conduit en prison de nombreux hommes d’affaires, proches de l’ancien cercle présidentiel.
La chaîne privée Ennahar TV s’est distinguée, depuis sa création, par ses campagnes sordides contre des cibles que lui désignent les officines secrètes qui se sont toujours servies de cet outil de propagande pour abattre médiatiquement toute personne ou tout parti qui dérangerait les plans du régime ou constituerait une menace pour son maintien. C’est ainsi qu’Anis Rahmani s’est attaqué au candidat Ali Benflis en 2014, allant jusqu’à l’accuser d’être un fils de harki et recourant sans vergogne aux moyens les plus abjects pour ternir l’image de celui qui était à deux doigts de faire tomber Bouteflika par la voie des urnes. Le même Anis Rahmani qui avoue, sans aucune retenue, se vendre au plus offrant, tout en s’adonnant à un vil chantage pour obtenir des marchés publicitaires auprès d’hommes d’affaires dont il menaçait de révéler les frasques au cas où ils ne l’arroseraient pas.
Cette interpellation d’Anis Rahmani prélude, sans doute, à l’ouverture d’une enquête sur les fonds qui permettent aux chaînes de télévision «algériennes» privées de droit étranger d’émettre, sachant que leurs propriétaires doivent transférer des sommes colossales pour le paiement du signal en euros sonnants et trébuchants. L’enquête devrait révéler d’énormes surprises.
N. D.
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