L’arrestation du directeur d’Ennahar ne serait que le début d’une liste à suivre
Par Nabil D. – Nous annoncions dans un précédent article qu’un «tamisage» du paysage audiovisuel algérien chaotique avait déjà commencé. Selon des sources informées, une enquête a été diligentée par l’Etat pour mettre de l’ordre dans ce secteur qui s’est imposé de façon anarchique et non contrôlée, si bien que les chaînes privées sont devenues une véritable menace pour la société en raison de leur contenu médiocre et, plus grave, des messages de haine et de discorde qu’elles véhiculent, sans parler de leur propension à répandre la charlatanerie en abusant de la crédulité de leur public.
«Trop engagées politiquement, transformées en outil de propagande, éloignées complètement de l’éthique et de la déontologie, ces chaînes sont devenues un instrument entre les mains du puissant du moment, et leurs propriétaires sont prêts à changer de ligne, du jour au lendemain, sans scrupule aucun», relèvent ces sources.
La chaîne Ennahar TV est particulièrement ciblée pour son implication dans une campagne enragée qui avait ciblé Abdelmadjid Tebboune et qui était connue pour sa collusion avec l’ancien cercle présidentiel. La tentative de «repentance» faite par le directeur de cette chaîne, en faisant montre d’un zèle sans limite au profit de l’ancien chef d’état-major, n’aura servi à rien.
L’empressement d’Abdelmadjid Tebboune à ouvrir un dialogue «sincère» avec l’opposition, incarnée par les partis et le Hirak, signifie une fin proche de tous les éléments qui ont constitué une des causes de l’amplification de la crise. Et parmi ces causes, les chaînes de télévision privées vilipendées et fustigées par les millions de manifestants qui battent le pavé depuis plus de dix mois. Abdelmadjid Tebboune sait qu’il devra donner encore plus de gages pour faire adhérer le Mouvement populaire à sa démarche réconciliatrice, au premier rang desquels une réforme profonde du champ médiatique qui devra consister en l’établissement de nouvelles règles qui assureront au citoyen le droit à l’information violé par le pouvoir à travers la censure, le blocage de journaux électroniques et, plus grave, l’utilisation des médias lourds contre le Hirak via la désinformation et l’incitation à la haine et à la division.
L’arrestation de Mohamed Mokadem, qui a réussi à construire un véritable empire grâce à sa collusion avec le clan qui lui assurait protection et indus avantages, n’est qu’un début. Elle signifiera certainement la fin d’une chaîne de télévision qui aura, des années durant, joué un rôle prépondérant dans ce qui semble être une mission de crétinisation de la société à des fins inavouées.
N. D.
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