Belhimer a désobéi
Par M. Aït Amara – «Le ministère de la Communication élabore son plan d’action, dont nous avons obtenu la copie.» Cette courte phrase lue dans l’édition de ce samedi du Soir d’Algérie suffit à démontrer que les vieux réflexes ont la peau dure. Amar Belhimer déçoit. Le confrère connu pour ses positions progressistes et libertaires s’est, d’un coup, pris au jeu malsain du pouvoir usurpé après la démission de Bouteflika, forcée mais néanmoins souhaitée par le plus grand nombre.
Personne n’ignore que l’actuel ministre de la Communication émargeait chez nos confrères où il signait une tribune hebdomadaire en dernière page du journal que dirigeait notre défunt ami Fouad Boughanem. Cette relation contractuelle a laissé chez le chroniqueur une espèce de nostalgie qui le fait se rappeler au bon souvenir de ses talents journalistiques appréciés de tous. Ce lien affectif irrépressible l’a fait dévier de la règle très stricte imposée par le président Tebboune, qui a ordonné de façon ferme et rigoureuse que la communication institutionnelle passe obligatoirement par les canaux officiels pour, justement, éviter que se répète la fâcheuse expérience du quotidien arabophone Ennahar qui était devenu l’organe central officieux de la présidence de la République sous Bouteflika.
Chassez le naturel, il revient au galop, diront les mauvaises langues. Le ministre de la Communication sera-t-il blâmé par ses supérieurs pour cette entorse flagrante à l’instruction du chef de l’Etat ? Nous le saurons tantôt. Mais, d’ici là, ce «pistonnage» révèle le fond de la crise algérienne qui est loin de se limiter à une simple gaffe due à l’apprentissage de la fonction qui place l’obligation de réserve en tête des impératifs liés au poste. Il s’agit plutôt, là, d’une mentalité partagée par l’ensemble des Algériens, enracinée, enclouée, rivée, qui fait que l’individu «sert» ses proches avant de penser à l’ensemble de la communauté. On le voit dans la distribution des logements sociaux, dans l’inégalité des chances face aux opportunités de travail, etc.
Un mal difficile à guérir et dont la propagation, lente et longue, a rendu tout vaccin inefficace. C’est aussi cela le système que des millions d’Algériens sifflent depuis plus d’une année.
M. A.-A.
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