Plusieurs manifestants arrêtés lors de la marche ce samedi à Alger
Par Mounir Serraï – Plusieurs manifestants ont été interpellés lors de la marche ce samedi au centre d’Alger. Parmi les personnes arrêtées le journaliste Khaled Drareni, la militante Amina Haddad ; l’enseignante à l’université d’Alger Sara Ladoul ; Fafache Merniche du Comité citoyen ; Madani Chaib, membre du Comité citoyen. Toufik Mellab, un autre militant, a été arrêté à la rue Ferhat-Boussad.
Le militant Farid Bouldja a été arrêté alors qu’il est intervenu pour empêcher des policiers venus arrêter son frère Noureddine pour port du drapeau amazigh. D’autres arrestations ont été opérées à Victor-Hugo, à Hassiba Ben-Bouali et au niveau de la Place Audin. Il y a déjà plus de 20 personnes qui sont placées en garde à vue au commissariat de Cavaignac depuis hier soir. Elles ont toutes été arrêtées à la marche du vendredi 13 mars à Alger.
Il est à préciser que cette marche de samedi, que des manifestants veulent rajouter à celles du vendredi et de mardi afin de mettre plus de pression sur le pouvoir, est à chaque fois réprimée par les services de sécurité. D’ailleurs, la semaine dernière, la DGSN a clairement fait savoir qu’il s’agit d’une marche non autorisée, tout en précisant que le Hirak, c’est les mardis et vendredis. Pour certains, le pouvoir panique face à cette tentative d’escalade.
Des appels à la vigilance ont été tout de même lancés. Le débat s’installe, par ailleurs, entre les hirakistes sur la nécessité ou pas de suspendre les marches à cause de l’épidémie du coronavirus. Les avis restent partagés.
Pour certains, comme Nadir Chouitem, député démissionnaire du PT, il faut adapter la forme de lutte au contexte actuel. Il suggère ainsi qu’«au lieu des marches, pourquoi pas s’organiser en comités locaux, débattre et proposer. Mettre en place des moyens de solidarité, de débat autour de toutes les questions politiques, économiques et sociales et rédiger les revendications. Autrement dit, se prémunir de l’épidémie et continuer la révolution».
Saïd Salhi, un autre militant du Hirak et vice-président de la LADDH, affirme qu’il respectait «les avis de ceux qui disent qu’il faut suspendre le Hirak, faire une trêve». «Une trêve entre qui et qui ? Le corona n’attend pas et ne respecte rien. Mais le pouvoir doit faire cette trêve, au nom du même intérêt, celui de préserver la santé publique. Il doit aider à apaiser et à rassurer, il doit faire une ouverture car, au fond, il y a un problème de légitimité et de confiance. La répression, les arrestations des militants, opérées cette nuit ne participent sûrement pas à cet apaisement.
La leçon de la marche d’hier est édifiante, le fossé se creuse davantage. Je ne suis pas de ceux qui vont faire de la surenchère sur une question de santé publique et de sécurité nationale, la santé et la vie de nos concitoyens n’a pas de prix. Oui, il faut prendre au sérieux la menace du corona», estime-t-il tout en considérant que «la première responsabilité tombe sur le pouvoir de mobiliser le pays, tout le pays dans la sérénité et la solidarité, mettre en place un plan national de prévention, de lutte contre le corona, un plan qui ne concerne pas seulement le Hirak, mais tous les aspects de la vie de tous les jours, tous les espaces publics (marchés, transports, lieux de culte, cafés, places publiques…).
M. S.
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