Egoïsme de médecins privés face au Covid-19 : le docteur Ghedia s’insurge
Par Dr Aziz Ghedia – «La science sans conscience est une ruine de l’âme.» Que tous les médecins méditent cet aphorisme. Il ne leur est pas destiné spécialement. Mais, aujourd’hui, il les concerne directement. Du moins, certains de nos médecins, les médecins algériens qui, dès que le gouvernement a annoncé le confinement de la population, commencent à paniquer, à perdre les pédales et à menacer de ne plus être présents sur leur lieu de travail : les cabinets médicaux. Ces menaces à peine voilées ont pour prétexte le manque ou parfois carrément l’inexistence de conditions idoines pour la prise en charge des malades susceptibles d’être atteints du coronavirus, entre autres, la manque de bavettes et de gants de protection.
En fait, c’est sur certaines pages Facebook gérées par des groupes de médecins, tel le Syndicat national des médecins libéraux, que j’ai pu, à travers la réaction de certains confrères, me rendre compte de l’ambiance générale qui semble régner actuellement au sein de la corporation médicale. Ces réactions sont venues à la suite d’un de mes commentaires dans lequel, pourtant, je parlais au conditionnel et que je reprends ici, pour permettre à tout un chacun de juger en son âme et conscience : «Il semblerait que certains médecins cabinards ont préféré fermer que de faire face au risque d’infection par le coronavirus. Cette attitude de ces confrères est antidéontologique et condamnable. Cela est assimilable à une désertion d’un militaire en temps de guerre. De ce fait, les pouvoirs publics, et en particulier le Conseil de l’ordre des médecins, doivent intervenir et agir sévèrement. Tout cabinet médical fermé sans aucune justification valable devrait faire l’objet d’une fermeture temporaire d’au moins un mois. C’est dans ces moments de crise sanitaire que le corps médical doit montrer son sens du devoir et du sacrifice. Ne trahissons pas le serment d’Hippocrate».
Mal m’en a pris.
J’ai reçu une volée de bois vert que je n’oublierai pas de sitôt ! J’ai beau essayé de mettre en évidence ma qualité de «vieux routier» de la médecine – si j’ose dire – mais rien à faire. Le danger auquel ces médecins pensent qu’ils vont être confrontés, selon leur perception de la situation, est infiniment plus grand que les conseils et la sagesse qu’un de leurs aînés leur prodigue. Le serment d’Hippocrate, ils n’en ont rien à faire ?
Pourtant, chaque jour que Dieu fait, ailleurs, en Chine, en Italie ou en France précisément, des médecins continuent à braver le danger. Il ne leur vient pas à l’esprit d’aller se calfeutrer chez eux et de laisser la population, leur population, à son triste sort. Ce coronavirus est, certes, virulent. Il se propage à une grande vitesse et la courbe des infectés ne cesse de grimper de façon exponentielle. Mais est-ce une raison de lui laisser le terrain libre ? Est-ce une raison pour ne pas lui livrer combat ? Pourtant, aussi, on le sait, «on ne perd que les batailles qu’on ne livre pas». Et, là, il s’agit, à juste titre, d’une guerre pour reprendre les termes du roi Jupiter, dixit Emmanuel Macron. Ce n’est donc pas le moment de se débiner. Alors, soyons raisonnables, soyons responsables et faisons tout ce qui est humainement possible pour éradiquer ce virus ! La tâche qui nous attend est très dure, ce ne sera pas une simple balade de santé, mais nous réussirons, j’en suis convaincu.
A. G.
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