Deux pays arabes sabotent le choix de l’Algérien Lamamra pour la Libye
Par Abdelkader S. – Les Emirats arabes unis et l’Egypte manœuvrent dans les coulisses pour empêcher la nomination du diplomate algérien Ramtane Lamamra comme représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Libye, en remplacement de Ghassan Salamé qui a jeté l’éponge. Les Al-Nahyane veulent imposer un Jordanien ou n’importe quel autre diplomate qui ne soit pas issu d’un pays voisin de la Libye. Selon le média arabe Arabic Post, Abu Dhabi, Le Caire mais aussi Riyad assuraient l’envoyé spécial d l’ONU démissionnaire de leur soutien et veulent désormais lui substituer une personnalité de leur choix qui, comme Ghassan Salamé, serait favorable à Khalifa Haftar au détriment du gouvernement de Fayez Al-Sarraj.
Le refus de la désignation de Ramtane Lamamra entrerait dans le cadre d’une «guerre froide» entre l’Algérie et l’Egypte au sujet du dossier libyen, l’Algérie s’opposant à l’offensive de l’homme-lige des Emiratis contre Tripoli car elle considère qu’une occupation de la capitale libyenne par Khalifa Haftar signifierait une extension de l’influence des trois pays arabes dans ce pays voisin, selon des sources citées par Arabic Post, lesquelles sources expliquent que si Alger et Abu Dhabi partagent leur rejet de l’islam politique porté par le Qatar et la Turquie, il n’en demeure pas moins que les deux capitales divergent diamétralement sur la question libyenne.
Le média arabe rappelle que le porte-parole de l’Armée nationale libyenne avait affirmé dans une conférence de presse son rejet du choix du représentant algérien auquel Khalifa Haftar préfère un diplomate africain ou, à tout le moins, originaire d’un pays qui ne serait pas frontalier de la Libye. Toujours selon Arabic Post, qui se réfère à des sources proches du dossier, «Ramtane Lamamra sera confronté à des difficultés d’autant plus complexes que son nom n’a été cité que sur proposition du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres», en estimant que Washington et Moscou ne s’opposent pas à ce choix mais que les Emirats et l’Egypte s’emploient à convaincre les deux puissances à changer de position.
Les médias émiratis multiplient les articles dithyrambiques à l’égard de l’ancien ministre jordanien de l’Intérieur Samir Habachna, décrit comme une «personnalité consensuelle» et «jouissant de la confiance et de l’estime de tous les Libyens», ce qui est complètement faux, souligne Arabic Post qui note que le Jordanien est quasiment inconnu en Libye. La même source révèle qu’Amman s’aligne sur Abu Dhabi et cherche à imposer son ancien ministre dont il loue les «capacités à régler le conflit libyen» et «l’expérience dans le domaine sécuritaire».
D’autres noms circulent dans les coulisses de l’ONU, comme celui du Soudanais Yacoub Al-Hillo, représentant spécial-adjoint et coordinateur humanitaire en Libye, ou encore le Tunisien Khemaies Jhinaoui, ancien secrétaire d’Etat auprès du ministre tunisien des Affaires étrangères, croit savoir Arabic Post.
Antonio Guterres réussira-t-il à imposer l’homme de la situation, le chevronné Ramtane Lamamra, pour conduire cette mission périlleuse dans laquelle tous les prédécesseurs se sont cassé les dents ?
H. A.
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