La liberté à un mètre : confinement politique sous couvert de santé publique

Alger virus
Alger... un jour de confinement. PPAgency

Par Saadeddine Kouidri – Si la peur muselle dans tous les cas, le courage ne libère que sous certaines conditions dont la conscience politique est l’élément déterminant. Nous apprenons subitement que notre monde a été fragilisé à tel point qu’un virus d’origine animale bouleverse jusqu’à notre vie intérieure ; sinon, il nous utilise pour transmettre la mort à l’autre. La pandémie actuelle ébranle tous les pouvoirs qui ne ratent pas l’opportunité de s’en servir pour nous apeurer davantage. Mais n’est-ce pas l’essence de tout pouvoir ?

Pour changer, il nous faut revenir à la politique, c’est-à-dire à la gestion de la cité par la majorité et à la critique de son économie et non à l’économisme que la finance a fini par dominer absolument jusqu’à remettre la décision aux oligarques qui utilisent dans les pays occidentaux le «pouvoir d’achat» aux dépens du «pouvoir de vivre» pour asservir le monde.

Pourquoi le diktat du confinement après que les décideurs eurent appris que ce virus n’est transmissible qu’à courte distance ? A l’incivisme qui relève de cette semi-émancipation qui est le stigmate de la guerre que nous livre le capital financier sous des formes diverses pour confiner davantage la personne dans son individualisme s’adjoint le rêve des oligarques qui aspirent à un monde d’esclaves.

Quand règne de la peur, ceux qui sont conscients que la liberté de l’un s’arrête là où commence celle des autres ne sont plus légion à cause de ces cultures qui tiennent plus du mythe, de l’ignorance, des croyances que les pouvoirs entretiennent et dans lesquelles ils vont se confiner face à un écran qui diffuse le message du dominant qui déconscientise.

Pour que notre civisme populaire séculier soit au-dessus de toutes les habitudes négatives, il ne faut pas cesser de militer pour le réintégrer dans la famille, au quartier, à l’école, en faire la publicité. Aujourd’hui, le Covid-19 dévoile la fragilité du monde et exige de nous plus de propreté. Dans ce cas, nous sommes plus à l’aise de condamner par la vox populi les multinationales qui n’arrêtent pas de polluer la terre et les mers, l’écosystème en entier, et les responsabiliser de la fragilité de la planète. Un tribunal des peuples composé de savants doit voir le jour pour poursuivre les contrevenants. Il appartient à chacun de faire appel à son libre-arbitre au quotidien et dynamiser l’acte politique par l’avis du citoyen à l’aide des réseaux sociaux sur tout ce qui touche à la vie publique qui le cerne. Le changement ne peut puiser la force que dans le nombre, à l’image du Hirak et à l’intelligence de tous, transmise via les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Faut-il rappeler que la richesse du capitalisme est produite par l’exploitation de l’Homme et que le motif est le profit ? L’échec de ce système laisse entrevoir l’alternative qui aura forcément la participation du plus grand nombre à la gestion de la cité, c’est-à-dire à la politique. C’est ce chalenge que nous devons continuer à développer. En Algérie, nous avons la chance d’avoir le Hirak, ce mouvement citoyen où le grand nombre fait sa force et le principe de silmiya, la paix, son intelligence pour poursuivre le débat sur le changement, non seulement chez nous mais à travers l’Afrique et le monde puisque, comme on le constate aujourd’hui plus que jamais avec le Covid-19, ce virus détecté dans un coin des plus reculés de la terre, peut contaminer l’humanité tout entière en quelques mois.

Ce coronavirus a levé le voile sur le secteur de la santé à travers le monde. Il s’avère que ce secteur à Cuba, en Chine, au Vietnam, en Russie, etc. se distingue de celui de l’Italie, de la France, de l’Espagne et des Etats-Unis. Les premiers viennent en aide aux seconds. Cette différence ne serait-elle pas due aux politiques et aux cultures qui dominent dans ces pays ? Fidel Castro n’a-t-il pas toujours insisté sur la solidarité des peuples en envoyant des médecins soigner des malades dans des contrées lointaines, en stigmatisant ceux qui envoyaient leurs bombardiers pour tuer des populations à des milliers de kilomètres de chez eux ?

Le Hirak doit profiter de ce confinement pour discuter du projet de société qui puisse consolider le Mouvement de libération nationale et son acquis principal qui est l’indépendance sans laquelle aucune politique n’est possible. Celles et ceux qui continuent à faire de l’indépendance un slogan oublient qu’il est propre à l’ALN/FLN, à moins que le but est celui de la oumma ou celui du MAK.

Si hier le pouvoir et ses opposants, démocrates et réactionnaires, nous confinaient dans l’économisme comme on nous confine aujourd’hui dans le coronavirucisme, il est temps pour nous de distinguer ce qui relève de la liberté personnelle de celle qui relève de la liberté du citoyen pour entamer un débat serein et éviter ce manichéisme qui est dans le suivisme ou la condamnation du libre-arbitre. Ils luttent contre la condamnation du délit d’opinion et n’acceptent pas l’opinion d’un journaliste.

Les citoyens occupant la rue est une image qui illustre, on ne peut mieux, l’acte politique de demain. Cette ouverture pour l’avenir est contrée par l’unanimisme, une fermeture que la réaction cherche à instaurer. Si les uns sont présents au Hirak pour condamner le système tout en s’accommodant de l’inégalité entre les femmes et les hommes, les autres veulent le changement du système, celui qui fait de l’égalité de la femme et de l’homme partout et tout le temps un droit. C’est ce qui distingue les uns et les autres. Les premiers ne tiennent pas à le dévoiler pour la simple raison qu’ils seraient discrédités, puisqu’ils s’osent pas contrarier la lutte de libération qui a fait de l’égalité des citoyens et des citoyennes son credo. Ils rusent en grossissant leurs rangs par des inconscients et des misogynes en attendant un temps meilleur, c’est-à-dire l’accentuation de la crise, leur milieu de prédilection.

Les seconds luttent pour un projet de société dont l’égalité serait le premier édifice pour consolider le progrès et asseoir la liberté. L’échec des seconds laisserait la porte ouverte par Bouteflika à un remake des années 1990 où le pays perdait chaque jour les meilleurs de ses enfants. Imaginons que cet antagonisme qui existe dans la société et où Chadli, en sus, introduisit l’islamisme dans la sphère politique anticonstitutionnellement pour se faire réélire à un 3e mandat ait été débattu, ne serait-ce que dans le milieu qui s’oppose à l’obscurantisme et à la théocratie ? On n’en serait pas là aujourd’hui ! Les démocrates ne peuvent s’organiser qu’en affichant leurs idées à ce sujet. C’est-à-dire afficher le projet de société qui ne peut voir le jour qu’avec la séparation du politique du religieux dans la sphère publique.

Le changement est aussi comment éviter à l’avenir ce spectacle auquel nous assistons depuis plus d’un an. Ce ballet composé de députés, de sénateurs et de ministres dans les tribunaux. Ces valets de la mondialisation qui ont causé le malheur de dizaines de cadres de l’Etat et le maintien dans la pauvreté de millions de citoyens. Et dire qu’ils n’ont été jugés que pour vol et corruption. C’est la preuve que la minorité ne peut rendre justice à la majorité. Elle fait semblant comme sur toute la scène politique et rend les jugements au nom du peuple. Même l’institution de la République adopte le camouflage que beaucoup de militants préconisent au nom de la démocratie.

Le «ni-ni» de la sociale démocratie, qui a fait chou-blanc sous d’autres cieux, semble avoir de plus en plus d’adeptes. Le «qui tue qui» était leur slogan pour mettre les patriotes sur la défensive dans les années où le terrorisme islamiste avait comme allié les mêmes ONG actives encore aujourd’hui pour le même dessein : celui d’en faire un cheval de Troie dans la guerre des mémoires et l’écriture de l’histoire. Le «qui tue qui» est réactualisé pour innocenter les criminels tout en jetant l’opprobre sur l’ANP et achever la tâche entamée par Bouteflika pour que les inconscients puissent les accepter sur la scène politique. Ouyahia n’avait-il pas reçu le chef de l’AIS comme personnalité nationale ? C’était le crime pour lequel il devrait répondre, alors que Bouregâa, lui, n’a pas reçu Ali Benhadj ; il a fait mieux en se faisant recevoir par celui qui fut le véritable président du FIS (dissous).

Celles et ceux qui s’attardent aujourd’hui à critiquer négativement l’opinion d’un journaliste au sujet de Karim Tabbou optent pour l’amnésie, l’arme fatale du Président déchu qui, soit dit en passant, n’est toujours pas convoqué par la justice.

S. K.

 

Comment (12)

    SaidZ
    30 mars 2020 - 19 h 08 min

    Merci AP, vous faites un travail exceptionnel !

    Anonyme
    29 mars 2020 - 21 h 12 min

    Cette crise illustre très bien la différence entre le libéralisme incarné par les occidentaux et les système centralisés de la Chine, Russie, Cuba…la politique du premier se base sur le court terme et n’a qu’un seul objectif ; la croissance économique. Le deuxième adopte une stratégie planifiée sur le plus long terme. Résultat, les décisions politique des libéraux qui adaptent leur politique en anticipant l’avenir à partir des données empiriques à 20-30 ans ne tiennent jamais compte de ce types de crises (non modélisables) alors qu’un système centralisé tient compte d’un plus grand nombre de risques, y compris les moins probables (à partir du moment où ils sont importants) pour piloter sa politique…Pour un pays avec un système en construction comme le notre, une analyse objective d’un tel évènement est nécessaire si nous voulons en tirer toutes les leçons!

    Zenaty
    29 mars 2020 - 17 h 21 min

    *Les mots du président Vladimir Poutine:* * »Aujourd’hui, je suis fatigué! Fatigué de tout.* *Je veux m’adresser aux dirigeants du monde.* *Que vous arrive-t-il?* *Quel plan diabolique préparez-vous?* Vous essayez délibérément de réduire la population. Et ils le font au prix d’une vie innocente. Vous les puissants du monde, je connais vos plans diaboliques pour réduire la population de la planète. Mais aujourd’hui, l’histoire vous montrera, dirigeants, que le bon sens est plus fort. Nous vous demandons avec exigeance de revenir sur votre plan. *Aujourd’hui je me tiens ici en paix, implorant que les esprits des jeunes et des opprimés soient laissés en paix.* Mais marcher d’un pas ferme et montrer que je suis au courant de vos plans. Vos politiques doivent changer en urgence. Vos médias doivent commencer à dire la vérité. L’Amérique et l’Europe, si vous ne mettez pas fin à vos plans, vous devrez affronter non seulement la colère de Dieu, mais aussi la mienne. Dieu et le Patrie ou la mort! Vive! Vive! Vive! »

    Zaatar
    29 mars 2020 - 13 h 51 min

    Je ne sais pas, si la communauté mondiale et les diverses sociétés se croient tirées d’affaires de cette aventure du covid-19, je crois qu’ils devraient revoir un peu les choses et leurs stratégies. Et pour cause, ce que l’on racontait à propos des 4 portes d’entrées du virus dans l’organisme humain (Dr Pascal), ce n’est pas une blague. On vient d’apprendre que 14% des personnes guéries du coronavirus en chine ont été reinfectees…du jamais vu. Si cela venait à se confirmer cela voudra dire qu’on peut dire adieu au vaccin et même le traitement s’il y en a un ne suffira pas. La seule façon alors d’arrêter ce conarovirus c’est l’arrêt total de toute la planète pour stopper sa propagation et ça biens sur c’est irréalisable. Un confinement total et absolu de toute la planète faut pas rêver aussi…et donc? Que nous reste t’il? Eh bien pas grand chose…on va jouer de la musique en attendant du moment qu’on est confiné.

    Anonyme
    29 mars 2020 - 13 h 18 min

    « Un virus d´origine animale »??? Elle est bien bonne celle-là. Non seulement, les virus ne sont pas d´origine animale mais ils ne sont même pas considérés comme des êtres vivants.

      Anonyme
      29 mars 2020 - 19 h 10 min

      Oui il est bon de savoir que les virus ne sont pas considérer comme des êtres vivants. Merci de le préciser.

      C bon de savoir
      29 mars 2020 - 19 h 27 min

      Merci

      Arris
      29 mars 2020 - 20 h 34 min

      Juste dire qu’ils peuvent venir des animaux.
      En résumé :
      « Les virus, initialement définis par leur taille, sont retrouvés chez toutes les espèces animales, chez les végétaux (y compris les algues et les champignons), chez les bactéries (bactériophages). »

        qANON
        29 mars 2020 - 21 h 39 min

        Provenir des animaux et être d´origine animale sont deux affirmations complètement différentes.

      Zaatar
      29 mars 2020 - 21 h 33 min

      A ta place je ne serais pas aussi certain car les avis sont partagés. Un virus ca a un patrimoine génétique et se reproduit (se multiplie) donc peut-être considéré comme un être vivant. Sauf qu’il ne peut le faire que s’il parasite une cellule qu’il utilise pour ca. Et la ca remet en cause son aspect être vivant car il devient comme un rocher c’est à dire inerte et ne sait rien faire.

    Anonyme
    29 mars 2020 - 10 h 37 min

    Oui au confinement. Plus vite cette crise sanitaire passera plus vite nous reprendront le redressement du pays jusqu’à disparition complète des mafieux en uniforme qui croient pouvoir continuer à tirer les ficelles dans l’ombre.

    Anonyme
    29 mars 2020 - 8 h 47 min

    Capitalisme, système de santé, Cuba, Bouregaa, Ali Belhadj Mak, confinement, Virus, Bouteflika etc… désolé, je viens de vous relire mais j’en suis au même point. J’essaierai peut-être une 3ème fois?

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