Erdogan voulait infiltrer des djihadistes parmi les passagers algériens ?
Par Karim B. – Le communiqué du porte-parole du ministère des Affaires étrangères sur les raisons qui ont empêché le rapatriement des passagers algériens bloqués à Istanbul comportait des non-dits que des sources expliquent par une volonté d’Alger de ne pas provoquer un incident diplomatique avec Ankara. En effet, Abdelaziz Benali Cherif avait indiqué que les services diplomatiques et consulaires étaient en train de vérifier l’identité des voyageurs qui devaient embarquer sur les vols d’Air Algérie et que des personnes sans billet, ni passeport faisaient partie des personnes qui cherchaient à se rendre en Algérie. Le nombre de passagers augmentait de façon intrigante, avait révélé le porte-parole du MAE.
Or, des sources informées croient savoir que les services secrets turcs auraient cherché à infiltrer des éléments des groupes armés syriens parmi les ressortissants algériens pour les exfiltrer vers l’Algérie. Ces sources font remarquer qu’en dépit de l’entente «fraternelle» apparente entre les deux pays, le dossier libyen demeure une pierre d’achoppement qui divise Alger et Ankara sur la stratégie à adopter pour mettre fin au conflit qui s’enlise en Libye. Si l’Algérie œuvre à faire taire les armes et à réunir les belligérants autour d’une table de négociations, le régime turc, sous la conduite du va-t-en-guerre Recep Tayyip Erdogan, voit un intérêt dans son soutien à une patrie au conflit contre une autre pour imposer un gouvernement qui lui serait inféodé une fois la paix revenue dans ce pays voisin en proie à une guerre civile depuis la chute et l’assassinat de Mouammar Kadhafi.
L’Algérie a laissé entendre à la Turquie qu’elle s’opposait fermement à l’envoi de troupes au sol en Libye. La crise sanitaire mondiale n’a, cependant, pas empêché le régime d’Ankara de balancer des mercenaires syriens secrètement pour affronter les troupes de l’homme-lige des Emirats, Khalifa Haftar, suite à l’offensive menée par l’Armée nationale libyenne contre la capitale Tripoli. Erdogan voulait-il faire transiter des mercenaires par l’Algérie ou cherchait-il à créer des foyers de tension en Algérie même ?
Des médias français laissent entendre que la position algérienne face aux passagers bloqués à Istanbul est effectivement motivée par des «craintes liées au terrorisme», car «des combattants des groupes armés extrémistes en Syrie pourraient saisir cette occasion pour rentrer dans leur pays comme de simples citoyens». Ces médias ajoutent, en se référant à de sources informées, que «les mêmes inquiétudes s’expriment en Tunisie» où «la société civile et des chefs de partis politiques accusent le mouvement islamiste Ennahdha de s’entendre avec Ankara pour faire entrer les djihadistes tunisiens de Syrie en profitant de la situation due au coronavirus». Selon des sources tunisiennes, «ces extrémistes sont venus de Syrie avec leur famille» et «certains ne sont même pas tunisiens mais syriens, leur but ultime étant de rallier la Libye via la Tunisie».
K. B.
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