Trump va les priver de sa protection : les Al-Saoud bientôt seuls face aux mollahs
Par Nabil D. – Mohamed Ben Salman a commis l’irréparable. En voulant faire mal aux Russes en leur déclarant une guerre pétrolière qui, au final, a été fatale pour tous les pays producteurs, il a entraîné dans sa démarche aventureuse les Etats-Unis, qui se retrouvent ainsi être les premiers perdants dans cette bataille que le prince héritier a déclenchée sans en avoir au préalable informé Donald Trump. Résultat : le locataire du Bureau ovale est entré en négociations directes avec son homologue russe, à l’exclusion de l’autre protagoniste à qui les Américains comptent faire payer cher sa bévue.
En effet, le Congrès américain planche sur une loi qui pourrait obliger le patron de la Maison-Blanche à retirer toutes les troupes américaines présentes sur le territoire saoudien. Un coup dur pour le régime de Riyad en pleine guerre au Yémen et sujet aux menaces sérieuses de l’Iran et du Hezbollah libanais, allié inconditionnel de Téhéran. L’Arabie Saoudite résiste aux assauts des rebelles chiites houthis dont les attaques aux missiles sur des bases militaires saoudiennes sont repoussées grâce à l’aide de l’armée américaine. Si cette dernière venait à évacuer, on ne donnerait pas cher de la famille régnante déjà ébranlée par des querelles intestines liées à la succession du roi Salman.
La crise du coronavirus a chamboulé la géostratégie mondiale et il semble bien que la politique arabe de Washington fera partie des copies que les Etats-Unis s’apprêtent à revoir, à la lumière des évolutions nées de la pandémie du Covid-19 et de la pagaille que celle-ci a provoquée dans les relations internationales. L’aide apportée par la Chine à l’Italie, qui réfléchit sérieusement à suivre l’exemple britannique et quitter l’Union européenne une fois que cette hécatombe sera derrière elle, présage la constitution d’alliances nouvelles qui déferont les anciens pactes dont, vraisemblablement, celui qui lie la première puissance mondiale à la plus riche monarchie arabe.
Les Etats-Unis ont déjà tiré un coup de semonce en refusant d’acheter le pétrole saoudien en avançant l’argument des surstocks après que les prix ont connu une chute vertigineuse par la faute de la témérité d’un prince dévoré par l’ambition au point d’emprisonner ses propres oncle et cousin pour s’assurer une accession au trône en neutralisant tout membre du clan qui pourrait l’en priver.
Sans l’aide et la protection des Etats-Unis, les Al-Saoud perdront leur influence régionale et l’Arabie Saoudite compromettrait sa souveraineté sur les richesses incommensurables qui gisent sous son désert et pourrait devenir le théâtre d’une guerre par procuration qui mettrait aux prises des puissances étrangères comme c’est le cas en Libye actuellement. Tous les Etats membres du Conseil de coopération du Golfe s’en trouveraient affectés.
N. D.
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