Désinformation, exploitation politique : l’individualisme à l’épreuve du Covid-19
Par Saadeddine Kouidri – Au moment où l’humanité est attaquée par un virus qui pousse au confinement, on se dit que l’individualisme, lors de cette pandémie, avantage les peuples du monde capitaliste dont il est l’une des spécificités majeures. Les faits prouvent le contraire et montrent que le choix de la priorité donnée au secteur public et particulièrement celui de la Santé est plus juste. La présence du Covid-19 prouve que la sécurité dépend de l’attitude de tout un peuple conscient du danger.
Quand dans son discours, le président Tebboune affirme à la télévision qu’il y a suffisamment de blé pour couvrir les besoins de la population et, par la suite, sur la même chaîne, on voit un reportage qui montre les images d’un déchargement au port de cette matière, on a de la peine à comprendre l’opportunité de la programmation d’un tel reportage.
Depuis le confinement, les autorités dénoncent, à juste titre, la désinformation tout en introduisant l’amalgame entre les causes qui poussent au faux et qui ne relèvent pas forcément du mensonge. Si on fait fi de l’erreur professionnelle et de l’inconscience, il existe toujours au moins deux principales causes des fake news ; la principale relève de la propagande des officines et la seconde découle d’une opinion adossée à un courant de pensée. Entretenir la confusion entre ces deux cache la stratégie du musellement de la société politique nationale, pour la réduire à la pensée unique. Une pensée commune au cercle du pouvoir, nationaliste-islamiste qui maintient la majorité du peuple apolitique.
Le pouvoir et son opposition nient qu’il peut y avoir dans la société d’autres opinions respectables que la leur. Ils s’opposent aux autres opinions y compris par le mensonge et l’illégalité. Ils entretiennent la confusion entre les différents mouvements de pensée qui traversent le monde pour neutraliser tout projet alternatif. Leur démocratie est enserrée dans le choix entre le nationalisme et l’islamisme et ils se contentent le plus souvent d’un mix national-islamiste pour se maintenir au pouvoir. Et, dans cet imbroglio, que fait l’armée ? Une armée dans une société qui a deux tares, celles de la légalité de l’islamisme et l’inégalité des sexes, est incapable de développer une sécurité moderne qui a comme premier critère la mobilisation des citoyens face aux dangers.
Le confinement est un acte sauvage, tout en étant salvateur. Une solution moins contraignante ne peut voir le jour qu’avec le courant de pensée qui prône la solidarité à la fois entre les Hommes et entre les peuples. Nous allons avoir d’autres catastrophes et nous devons réfléchir à une attitude de défense autre que le confinement ou le médicament.
J’ai paraphrasé le ministre de la Santé en écrivant que «nous risquons le pire si le gouvernement n’applique pas le dépistage sans discontinuité en y mettant tous les moyens», avant de lire la bonne nouvelle qui nous informe qu’enfin, il s’est décidé à aller vers le dépistage. Il était temps.
Quand la science parle de distance, le pouvoir parle de confinement. L’incapacité d’appliquer cette simple recommandation scientifique dénonce l’anarchie qui découle de la mondialisation.
La civilisation qui mène aux guerres perpétuelles et transforme sa victime en coupable, fait appel aux philosophies marinées de science pour pouvoir convaincre les électeurs. Si on prend l’exemple du génocide des peuples à travers le monde mené au nom de la civilisation occidentale pendant les derniers siècles à ce jour, on s’aperçoit que la pensée criminelle est distillée sous couvert de bonne intention, au nom de l’humanisme et du religieux. Au XIXe siècle, un idéologue pensait que la terre ne pourrait plus nourrir toute la population qui augmente grâce au progrès, en sus de l’imperfection de la sélection naturelle. Inquiet de la surpopulation éventuelle, il conclut qu’il faudrait introduire la sélection artificielle pour élaguer les personnes handicapées comme on le fait pour les branches d’un arbre. On en est toujours là. La chaîne d’information en continu LCI nous montre un chef de service de l’hôpital Cochin à Paris qui propose au directeur de l’Inserm de faire de l’Afrique un cobaye pour les tests de vaccins contre le Covid-19.
Il est utile de rappeler que ces médecins ont de qui tenir puisque c’est le Français, le comte Georges Vacher de Lapouge qui, le premier, mêle à la fois sa théorie de l’eugénisme au «darwinisme social», et l’aryanisme qu’utiliseront les nazis plus tard. On constate que lors d’une grande guerre ou d’une pandémie mondiale, la nuance entre les idéologies d’un même courant de pensée s’évapore. A l’inverse, les politiques antagoniques s’exaspèrent à l’image de celle de la Chine et des Etats-Unis.
N’est-il pas réaliste de prendre en considération ces deux courants dominants pour persister dans la lutte pour le règne des peuples aux respects de la nature, de l’animal et de l’Homme en prenant en compte les faiblesses du passé ?
Il me semble que la participation des partis de gauches aux élections de la bourgeoisie ont poussé à l’économisme au dépend du matérialisme. Cette tendance a affaibli la laïcité qui ne trouvait plus d’appoint pour s’oxygéner. Pourtant, «Marx qui ne prit connaissance que partiellement de l’œuvre de Darwin», avait intuitivement compris ainsi qu’en témoigne sa lettre à son ami Engels, le 19 décembre 1960, l’enjeu considérable de la pensée darwinienne, celle de «donner un socle naturaliste» à leur théorie et «réaliser sur ce socle l’unité du matérialisme dans une vision intégratrice de la nature et de l’histoire». A coup sûr, on aurait consolidé la laïcité sur une base scientifique et non pas idéologique.
S. K.
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