L’IGF traque les dignitaires et les hauts gradés qui ont détourné la pub Anep
Par Mohamed K. – Le nouveau directeur de l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep) a révélé que l’Inspection générale des finances (IGF) et les services de la gendarmerie enquêtent sur la gestion des fonds de cette entreprise publique, véritable vache à lait qui a servi à enrichir un grand nombre d’intrus dans la presse. Larbi Ouanoughi avait déjà annoncé, dans une précédente intervention, alors qu’il était chargé de mission au ministère de la Communication, que l’ère de la distribution de la publicité institutionnelle aux propriétaires de journaux qui ne font pas partie de la corporation était révolue, en citant même des «généraux» sans en révéler le nom.
Algeriepatriotique a été le premier média à briser le tabou du détournement de cette rente par des officiels véreux qui ont fait de l’Anep une véritable machine à sous, en créant des journaux sans audience aucune et en captant un grand nombre de pages de publicité étatique. L’article, qui ciblait le journal El-Adjwa plus particulièrement, dont le directeur qui s’enorgueillissait d’être «très introduit dans les cercles de décision» et engrangeait pas moins de cinq milliards de centimes de rentrées publicitaires par mois à l’époque. L’omnipotent colonel Fawzi de l’ex-DRS était cité pour la première fois comme étant le principal gestionnaire de cette cagnotte.
La rapine via l’Anep a commencé au milieu des années 1990 lorsque le général Betchine, alors puissant conseiller politique du président Zeroual, avait créé deux journaux pour détourner cette rente «légalement». Depuis, la publicité publique est devenue une source d’enrichissement pour de nombreux dignitaires du régime, dont le fils du général Gaïd-Salah qui dirige un journal régional sans envergure mais qui a, pendant de longues années, bénéficié des largesses de cette agence étatique qui était gérée directement par le frère de l’ancien président de la République en personne.
Des milliards de dinars ont été détournés via l’Anep depuis plus de vingt ans et les enquêteurs devront plancher sur les dossiers compromettants qui ont pris de la poussière dans les archives de l’agence qui a vu une valse de directeurs à sa tête. L’enquête révélera des sommes astronomiques payées par les collectivités locales à l’agence et pillées au nez et à la barbe des gens de la profession qui récoltaient les miettes, à la condition de se soumettre au pouvoir.
M. K.
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