Il recadre ses propos sur le Hirak : le porte-parole de la Présidence s’est-il fait taper sur les doigts ?
Par Mounir Serraï – Le ministre conseiller à la Communication, porte-parole officiel de la présidence de la République, Belaïd Mohand-Oussaïd, recadre ses propos sur le Mouvement populaire pacifique, dit Hirak, qu’il accusait, jeudi soir, d’être infiltré, manipulé et utilisé par des lobbys étrangers hostiles à l’Algérie. Des propos qui ont été interprétés comme une nouvelle «offensive du pouvoir contre le Hirak qu’il qualifie officiellement de béni».
«Afin de lever toute ambiguïté sur la vérité de mes déclarations faites dans l’émission de la Télévision algérienne ‘’A cœur ouvert’’, diffusée jeudi soir (9 avril) sur la chaîne nationale, au sujet de la position à l’égard du Hirak, lesquelles déclarations ont été délibérément sorties de leur contexte par certaines parties dans le but de tromper et de diffamer, je tiens à préciser que le terme Hirak utilisé lors de l’émission ne s’entendait pas de toutes les composantes du Hirak, mais il était clair que les propos visaient uniquement les intrus qui incitaient au rassemblement alors que la situation générale ne permettait pas de tenir des rassemblements qui favorisent la propagation de l’épidémie», précise un communiqué diffusé aujourd’hui par le porte-parole officiel de la présidence de la République.
Il poursuit en affirmant : «Il est notoire que cette catégorie aux liens douteux s’est acharnée à l’époque à occulter même les appels des sages du Hirak qui ont été, à leur tour, insultés, calomniés et menacés par cette même catégorie.» Et d’ajouter : «On ne saurait se passer de l’avis des nationalistes fidèles de ce Hirak dès qu’il s’agit de l’intérêt du pays. La preuve en est que le président de la République, dès son accession à la magistrature suprême du pays, a entamé des consultations avec un certain nombre de symboles du Hirak béni sur la situation générale du pays et la révision de la Constitution. Ces hommes et ces femmes méritent le respect et la considération pour leur rôle historique dans la préservation du pays d’un effondrement certain», soutient encore le porte-parole de la Présidence qui charge à nouveau «ceux qui déforment délibérément les propos et pêchent en eaux troubles».
Le porte-parole de la Présidence s’est-il fait taper sur les doigts après la polémique soulevée par ses propos, notamment sur les réseaux sociaux ? Il faut souligner que les apparitions de Belaïd Mohand-Oussaïd se font rares ces dernières semaines. Certains commençaient à parler de sa mise à l’écart et son remplacement graduel par le chargé de mission à la Présidence Mohamed Laigab, qui multipliait ses sorties médiatiques au courant de ces deux derniers mois.
Les précisions du porte-parole de la Présidence cachent ainsi mal les tiraillements et l’absence d’harmonie et de constance dans la communication officielle, notamment lorsqu’il s’agit de parler de la crise politique. Depuis son arrivée au pouvoir, Abdelmadjid Tebboune et son staff tiennent un double langage sur le Hirak. D’un côté, ils l’encensent et le qualifient même de béni. De l’autre, ils le diabolisent en semant l’idée de son infiltration par des forces étrangères et hostiles à l’Algérie.
Un double langage qui cache mal la peine du pouvoir à trouver une solution pérenne à la crise qui secoue le pays depuis plus d’une année.
M. S.
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