Interview d’Amar Belhimer à El-Khabar : déni de la réalité et faux fuyants
Par Kamel M. – Le ministre de la Communication n’a pas répondu aux questions du quotidien El-Khabar qui l’interrogeait sur les journalistes emprisonnés et les sites électroniques censurés. Troquant son habit de démocrate contre celui d’apparatchik, Amar Belhimer a fait dans le déni de la réalité et s’est réfugié derrière les faux fuyants auxquels nous ont habitués les responsables politiques qui l’ont précédé dans cette fonction et dont il est la parfaite réincarnation.
A une question sur les confrères interpellés pour un article relatif à l’épidémie du coronavirus, le ministre a invité ses intervieweurs à ne pas interférer dans le travail de la justice et à laisser cette dernière mener son travail avant de pouvoir «commenter». Comme si Amar Belhimer allait dénoncer un verdict qui condamnerait les trois membres de la corporation à la prison, sachant que d’autres confrères sont déjà sous les verrous et que leur aîné dans la profession fait celui qui n’a rien vu et rien entendu. Il trouve l’inquiétude soulevée par le journal qui lui a ouvert ses colonnes au sujet des graves atteintes à la liberté de la presse et d’opinion «exagérée», estimant que le nombre de journalistes emprisonnés et de sites censurés est «très limité». Amar Belhimer n’explique pas, cependant, combien de journalistes doivent être jetés en prison et combien de médias doivent être censurés pour qu’il daigne enfin s’affoler.
Le ministre dilue le sujet en ne citant que le cas d’un site récemment bloqué et en feignant ignorer que des journaux électroniques farouchement opposés au système qui l’a embauché ne sont plus accessibles en Algérie depuis des mois – depuis le 5 août 2019, exactement, concernant Algeriepatriotique – et que la décision de censurer notre site et d’autres qui refusent d’exercer leur métier en position couchée est illégale et en complète violation de la Constitution.
En effet, il a été porté à la connaissance d’Algeriepatriotique que la décision de censurer le site a été prise de façon arbitraire par des cercles occultes, sans respecter les voies légales et sans qu’aucun contenu ait eu un caractère pouvant porter atteinte aux intérêts du pays, sinon à ceux d’une mafia qui a usurpé des pouvoirs illimités et qui commence à tomber dans les mailles du filet d’une justice bientôt libérée de son ministre improbe. La loi stipule, dans ce cas d’espèce, qu’une procédure doit être engagée préalablement par l’Organe national de lutte et de prévention contre les infractions liées aux TIC et que seule la justice est habilitée à trancher conformément aux lois de la République.
En somme, Amar Belhimer a parlé pour ne rien dire car il sait mieux que quiconque que le ministère croupion où il occupe un bureau est un appendice de l’officine secrète dont le directeur vient d’être limogé et incarcéré à Blida pour haute trahison, et qu’il ne détient aucun pouvoir discrétionnaire sur le secteur qui échappe totalement à son contrôle.
K. M.
Comment (43)