Comment encourager la location pour les opérateurs économiques et pour les particuliers
Par Mohamed Sayoud – Aujourd’hui, pour débuter une activité, les commerçants, les investisseurs et les ménages algériens doivent payer un loyer anticipé de 12 à 24 mois ; une obligation qui n’existe nulle part dans le monde entier puisque c’est contreproductif et non économique. Cette problématique est le premier rempart qui freine les nouveaux investisseurs de même pour les ménages car les jeunes n’ont pas la possibilité de se marier car ils n’ont pas les moyens, ni la possibilité de payer le loyer au moins un an en avance.
En effet, c’est une très grande inégalité et injustice car les propriétaires reçoivent les loyers à l’avance et mènent une vie paisible en pénalisant les locataires. Sachant que la plupart ne déclarent même pas 30% de la valeur de la location pour éviter de payer les impôts et taxes pour les loyers perçus.
La meilleure solution est de proposer un loyer mensuel afin d’encourager les commerçants, les investisseurs et les ménages aussi afin de pouvoir démarrer un projet dans les brefs délais, soit juste placer les machines ou les lignes de production et commencer rapidement à produire de manière sophistiquée. Cette initiative va permettre de fructifier et booster l’investissement en Algérie.
L’Etat doit imposer un règlement général pour imposer la règle de percevoir le loyer que mensuellement, comme partout dans le monde et non pas un an en avance tout en prenant en considération les locations informelles.
Certes, il y a l’offre et la demande mais l’Algérie doit aussi prendre la responsabilité de construire assez de locaux, de hangars pour les louer aux investisseurs à des prix raisonnables afin de booster l’investissement productif pour créer la richesse et les emplois pour dynamiser la croissance économique pour ne plus dépendre des rentes des hydrocarbures.
Si tous les porteurs de projets sont solidaires sur une nouvelle réglementation des locations d’espaces de travail pour les services et la production auxquels les loueurs seront soumis (cela réglera le problème), ni la CAP-FCE et toutes les organisations et associations d’entrepreneurs n’ont pris le problème en charge et l’ont soumis au législateur (on a besoin d’une loi qui réglemente la facilitation des modes de location), c’est valable aussi pour la location des logements !
Toutes les parties prenantes doivent bouger à travers une plateforme commune, un sondage, etc. Le changement doit s’arracher par une nouvelle réglementation du secteur des baux de location, et le sujet doit être essentiellement pris en charge par ceux qui sont concernés.
Prenant comme exemple la pandémie actuelle du coronavirus, il y a beaucoup de commerçants qui sont obligés de suspendre leur activité, ce qui signifie qu’ils ont bloqué leur argent à l’avance dans des loyers qu’ils ne peuvent malheureusement pas exploiter sans dédommagement.
C’est une véritable hécatombe qui a subitement frappé notre économie qui s’enfonce chaque jour davantage en raison de la crise sans précédent qui affecte la gouvernance du pays. La cote d’alerte a pourtant été largement atteinte avec la mise au chômage partiel de 50% des fonctionnaires et employés du secteur public et la fermeture de l’écrasante majorité des fonds de commerce privés. Même le commerce informel qui assure une part non négligeable d’emplois et de revenus en a pris un rude coup du fait de la réduction drastique des revendeurs et clientèles qui animaient, il y a quelques semaines à peine, les marchés clandestins.
Des mesures d’indemnisation en faveur des travailleurs qui ont perdu leur emploi doivent être prises pour que les Algériens ne se sentent pas abandonnés, sachant que ces personnes ont été démunies de leur unique revenu. Il est du devoir du gouvernement de poser des solutions à ce fléau. On estime que 2 milliards d’euros suffiraient largement à pallier tous les dégâts collatéraux de la pandémie, avec une bonne gestion du montant alloué et viser des dépenses rapides et bien ciblées.
Dès à présent, il convient de supprimer toutes ces entraves. Pour cela, on doit commencer à travailler sérieusement et à œuvrer pour le bien de notre pays ainsi qu’à notre peuple qui a souffert, et qui souffre encore. C’est la seule voie afin de créer les millions d’emplois qui nous manquent et de la richesse pour l’essor de notre économie.
M. S.
Consultant international en investissement industriel
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