Comment l’affaire Ramtane Lamamra pourrait provoquer un «Hirak» à l’ONU
Par Karim B. – Quand, il y a quelques semaines, Algeriepatriotique révélait le complot que les Emirats arabes unis ourdissaient dans les coulisses de l’ONU contre Ramtane Lamamra, nous étions loin de nous douter que le diplomate algérien allait finir par jeter l’éponge, croyant que les quatorze Etats membres du Conseil de sécurité allaient continuer d’étayer le choix judicieux d’Antonio Guterres, fondé sur l’expérience, la sagesse et la sagacité de l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères. Mais il n’en fut rien.
«Le retrait de Ramtane Lamamra est moins un désaveu pour l’Algérie qu’un échec cuisant pour les Nations unies», confie une source proche du dossier, selon laquelle «la Libye perd ainsi un médiateur qui aurait pu jouer un rôle déterminant dans les efforts de sortie de crise, d’autant qu’il jouit du respect de toutes les parties au conflit dans ce pays meurtri par une guerre civile qui n’a que trop duré». Mais Abu Dhabi ne l’entendait pas de cette oreille. En effet, les Emirats, qui essuient une véritable bérézina en Libye où leur homme-lige Khalifa Haftar serait même porté disparu, selon certaines sources, voyaient en la personne du diplomate algérien chevronné et respecté une véritable menace pour leurs plans dans ce pays avec lequel l’Algérie partage près de mille kilomètres de frontières terrestres. A la place de Ghassan Salamé, qui a admis son incapacité à résoudre l’inextricable équation libyenne, Mohamed Ben Zayed s’échine à placer un pion à sa solde, l’ancien ministre jordanien de l’Intérieur, Samir Habachna, que les médias émiratis affublent de tous les mérites, le décrivant avec emphase comme une «personnalité consensuelle» et «jouissant de la confiance et de l’estime de tous les Libyens».
Quatorze membres du Conseil de sécurité ont abdiqué devant Washington qui a opposé son veto de façon implicite en s’alignant sur son confédéré du Golfe contre la volonté de l’écrasante majorité au sein de l’organe exécutif de l’organisation internationale. «Le cas Lamamra devrait inciter les pays membres de l’ONU à en accélérer la réforme pour en finir une fois pour de bon avec les mécanismes archaïques qui continuent de la régir depuis soixante-quinze ans», relève notre source, convaincue que, dans les coulisses des Nations unies, ce énième coup de force des Américains aura forcément des conséquences sur le fonctionnement aberrant de l’ONU, d’autant que les Etats-Unis ont montré de grands signes de faiblesse à la faveur de l’épidémie du coronavirus devant laquelle la «première puissance mondiale» a paru désespérément inapte et complètement désarmée.
K. B.
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